Après cinq mois de procédure, la justice argentine s’est prononcé sur non-lieu, c’est-à-dire l’abandon des poursuites contre Hugo Auradou et Oscar Jegou, les deux rugbymen inculpés de viol aggravé en Argentine en juillet, en marge d’une tournée du XV de France.
Ils sont officiellement libres. Ce mardi 10 décembre, au pôle judiciaire de Mendoza (ouest), les rugbymen Hugo Auradou et Oscar Jegou se sont vu signifier l’abandon des charges contre eux, cinq mois après l’éclatement d’une affaire qui avait secoué le monde du rugby en France, en Argentine et au-delà.
Auradou et Jegou, tous les deux âgés de 21 ans, étaient inculpés de viol aggravé, car en réunion : des faits présumés survenus dans la nuit du 6 au 7 juillet dans un hôtel de Mendoza, où le XV de France venait de jouer un match contre l’Argentine.
Les deux jeunes hommes affirmaient depuis le début que les relations sexuelles avec la plaignante, une Argentine de 39 ans rencontrée en boîte de nuit, étaient consenties, et sans violence.
L’avocate de la plaignante avait dénoncé en revanche un viol avec « violence terrible », dans une affaire qui a vu s’opposer deux versions radicalement opposées des faits, hormis une convergence sur la réalité d’actes sexuels dans la chambre et un contexte alcoolisé.
« Contradictions notoires, incohérences… »
Il y a deux semaines, la juge Eleanora Arenas avait entendu les arguments pour et contre le non-lieu, lors d’audiences étalées sur deux demi-journées.
Le parquet avait plaidé en faveur de l’abandon des poursuites, comme il l’avait annoncé début octobre à l’issue de l’instruction. Tôt dans le dossier, notamment mi-août en décidant la remise en liberté des deux joueurs, il avait relevé « des contradictions notoires, incohérences, zones grises » dans le récit de la plaignante.
Puis les avocats des joueurs avaient, eux aussi, plaidé pour un non-lieu, qu’ils réclamaient depuis août. Pour eux, « tout a été dit » dans un dossier où « le délit n’a pas existé », en raison de « l’existence de consentement ». Et cette affaire est celle d’une « dénonciation scandaleuse (…) avec visées financières » d’indemnisation.
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Plaidant après eux, Natacha Romano, l’avocate de la plaignante, avait demandé « le rejet total » du non-lieu et réclamé que l’enquête se poursuive avec un nouveau procureur.
Vers un appel de la plaignante ?
Natacha Romano avait, en outre, déploré une audience passée à « accuser une victime de mentir », au lieu « d’évaluer ce qui s’est passé entre (les) quatre murs » de la chambre d’hôtel cette nuit-là.
Jegou et Auradou, pour leur part, ont repris en France le rugby professionnel : depuis octobre pour Auradou avec Pau, en novembre pour Jegou avec La Rochelle.
Ils étaient revenus en France début septembre, après le feu vert de la justice argentine, qui estimait alors que « l’accusation initiale (avait) perdu de sa force ». Au début de l’affaire, ils avaient passé plus d’une semaine en détention préventive, puis près d’un mois assignés à résidence.
La décision de la juge n’est pas définitive pour l’instant. La défense de la plaignante a la possibilité en effet de faire appel, ce qui renverrait le dossier vers une autre instance.
Avec RFI