Si jusque-là, le débat était sur les organisateurs du tournoi doté du trophée du président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, qui fait 56 morts, selon le bilan provisoire des autorités, des professionnels du football se prononcent eux aussi sur le sujet. C’est le cas de Joseph Antoine Bell qui trouve le drame véritablement triste.
A-t-il de son expérience de footballeur international connu l’exemple d’une autorité, depuis la tribune, intervienne pour changer une décision de l’arbitre ? Chez nos confrères de RFI, l’ancien joueur camerounais a répondu en ces termes. « Oui ! malheureusement, venant toujours de personnes du même type. De toute façon, c’est quelque chose qu’on voit plus que jamais. La première des choses qu’on apprend, lorsqu’on joue au foot ou lorsqu’on regarde, c’est que les décisions de l’arbitre sont souveraines, personne n’a le droit de descendre sur le terrain pour décider à la place de l’arbitre ».
L’impréparation de la part des organisateurs, le premier ministre guinéen l’avait indiqué la semaine dernière. Son avis est largement partagé par ce professionnel du football.
« Déjà, ça m’aurait étonné que le premier ministre qui est un homme intègre, quelqu’un que je connais, ne dise pas la vérité. Ce qu’il dit là, est la pure vérité. Pour que ça se passe ainsi, c’est que ceux qui ont organisé, ce n’est peut-être pas parce qu’ils ne connaissent rien du foot, mais c’est parce qu’ils se préoccupaient plus d’autres choses que du football ».
Il n’y a pas d’improvisation surtout en football
« A chaque évènement, vous prenez des spécialistes de cette organisation-là. C’est pour cela qu’on pense que les fédérations sont outillées pour organiser, puisqu’elles ont l’habitude. Ils devaient prendre des gens qui les ressemblent. Par exemple, vous arbitrez un match de village, avec un arbitre à la retraite mais pas avec un arbitre improvisé. Donc là, rien n’était bon. Comment peut-on amasser des milliers de personnes dans un stade qui aurait une seule sortie ? Comment peut-on avoir lancer du gaz lacrymogène dans une foule qui est dans un endroit où il n’y a pas moyen de fuir… ? »
De l’instrumentalisation du football par les politiques
« Oui ! et c’est là le problème. Parce qu’ils avaient pour objectif, la politique et ils ont oublié le moyen qui était le football. S’ils avaient mis les spécialistes du foot, le résultat serait le même pour eux. C’est-à-dire, on a la récupération, il y a quelque chose qui est bien faite et voilà. Il n’est pas interdit de le faire, mais il est interdit de mal le faire. Le problème avec ces gens-là, ils disent toujours travailler pour le chef de l’état. C’est-à-dire, ils décrètent qu’ils ont toutes les compétences.
Ça se rejoint. La politique a besoin de public et le football a une grande popularité, donc draine beaucoup de public, donc c’est presque logique que la politique fasse un saut pour récupérer le football puisque la popularité du football en faire une proie facile.
Je pense au lieu de parler de séparation de pouvoir, il faudrait parler de collaboration. Donc le pouvoir a besoin du sport, le sport aussi a besoin du pouvoir, mais il ne faudrait pas que ce soit les mêmes qui s’occupent de tout. Sauf que les politiques eux, ont du pouvoir et que ce pouvoir-là, il est très tentant de se l’arroser tout et de décréter qu’on peut tout, qu’on sait tout.
Du COUP DE GUEULE DE LA CAF qui n’est toujours pas venu ?
« Pourquoi la CAF viendrait-elle pousser un coup de gueule en Guinée si la FEGUIFOOT ne pousse pas d’abord un coup de gueule ? Je pense que ce sont plutôt ceux qui, en pratiquant ce sport en dehors de ceux qui en connaissent les règle et l’organisation qui doivent apprendre la leçon et retenir que désormais en organisant quelque chose, nous associerons la fédération guinéenne de football », a conclu Joseph Antoine Bell.
La rédaction