Un an après l’explosion du principal dépôt d’hydrocarbure de Conakry, l’on reste encore sans aucune idée des causes. Des enquêtes ont été annoncées, mais 12 mois après, aucune communication sur un quelconque résultats. Et pourtant, les autorités l’ont clairement, « c’est un acte criminel ».
Interrogé par nos confrères de RFI sur les le niveau de ces enquêtes et des résultats, le président du comité des sinistrés du dépôt de carburant de Coronthie répond. « Non, aucune idée, nous n’avons vu aucun enquêteur. Nous ne connaissons pas les résultats des enquêtes. Et pire, nous pas reçu les condoléances d’usages. C’est le gouvernement qui a été le premier à alerter pour nous parler de présumé incendie criminel et c’est lui qui les moyens, la police, des enquêteurs pour faire connaitre la vérité dans cette affaire. Ce sont des dizaines d’âmes perdues, des âmes brûlées dans le feu, consumées pendant plus d’une semaine. Il s’agit du plus grave incendie de notre pays. Cela ne peut pas passer inaperçu », a indiqué Mamoudou Sifoké Touré.
Parlant de présumés voleurs de carburant qui aurait manipulé du combustible pour provoquer l’incendie, Mamoudou Sifoké Touré rejette cette hypothèse avec force. « Nous ne pouvons pas croire à cela parce qu’il y a aujourd’hui une réelle volonté de spoliation de nos biens. Tout ce qu’on nous a dit dans cette affaire, tenez des sacs de riz, acceptez qu’on vous reloge à 50 km de Conakry, vous aller quitter la capitale pour le recasement. C’est un plan que nous avons catégoriquement refusé. Nous disons non ».
Au lendemain de ce drame, une chaine de solidarité a été développée à travers le monde. « Nous saluons la mobilisation internationale. Il y a un nombre important de ménages qui ont reçu des sacs de riz, ça été un apport important pour nous, mais nous avons voulu recevoir aussi des sacs de ciment, des feuilles de tôles qui ont été offerts par les mêmes personnes, et ce sont les mêmes autorités qui les ont reçus mais jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu une seule feuille de tôle, un sac de ciment qui ont totalement disparu pour aller où ? Nous ne savons pas. C’est qu’il y a une réelle volonté de spoliation de nos biens ? parce que les sommes d’argent qui ont été reçus comme des dons, en les remettants aux locataires, on leur dit que c’est pour aller trouver des maisons ailleurs. Mais pourquoi ? Nous ne vendons pas nos terrains. Ce sont des biens qui nous appartiennent et nous ne sommes pas sur un domaine de l’Etat » a-t-il précisé.
Mamoudou Sifoké Touré qui reconnait les dons, continue de s’interroger sur l’usage qui en a été fait. « Nous savons qu’il y a eu quelques sommes qui ont été remises à quelques personnes, mais je dis que la commission qui gère, c’est dans une opacité sans pareille. Il n’y a pas de communication. L’argent qui est donné vient qui ? Mais pourquoi vous nous parler toujours de libérer les maisons pour que vous veniez faire des constructions ? Nous disons non.
Les sinistrés sont certes d’accord pour les indemnisations mais « nous refusons de quitter parce que ce n’est pas un domaine de l’Etat. La volonté de spoliation se confirme aujourd’hui parce qu’il n’y a aucune enquête, on parle toujours de recasement, de relogement. Sur ce, chacun peut tirer sa conclusion ».
Derrière l’idée d’indemnisation, les victimes soupçonnent une autre volonté cachée. « Nous voulons reconstruire nos maisons, nous-mêmes avec les dons qui ont été faits par les bonnes volontés. Pourquoi nous tenons à ces feuilles de tôles, à ces sacs de ciment ? Parce que sinon, il y a risque de récidive. La presqu’île de Kaloum, c’est quand-même l’endroit le plus convoité de la capitale. C’est là où se trouve la présidence, c’est aussi là où les terrains coûtent plus chers. Nous sommes des autochtones d’ici ».
S’il n’y a pas d’enquête, selon M Touré, « chacun sera amener à tier sa conclusion sur les motivations de cet incendie. Il faut quand-même avouer que nous n’avons pas été traité dignement. Et nous continuons à nous demander le pourquoi de cette situation », a-t-il conclu.
Il faut rappeler que dans cette lutte, Mamoudou Sifoké Touré a une fois été enlevé de force alors qu’il était en situation de classe devant ses élèves pour être incarcéré puis jugé et condamné pour trouble à l’ordre public et incitation à la violence.
La rédaction