Les fins d’années 2023 et 2024 resteront gravées dans la mémoire collective des Guinéens en raison de deux tragédies d’une ampleur dévastatrice. Le 18 décembre 2023, une explosion dans un dépôt d’hydrocarbures à Kaloum a fait officiellement 14 morts et 190 blessés. Moins d’un an plus tard, le 1er décembre 2024, un drame survenu au stade régional de N’Zérékoré a entraîné un bilan provisoire de 56 morts, selon les autorités, tandis que des ONG locales évoquent jusqu’à 150 décès. Dans les deux cas, on déplore également des disparus toujours introuvables et de nombreux blessés.
Ces tragédies, qui se répètent à la même période, en décembre, devraient interpeller la conscience collective des Guinéens. Pour les croyants, elles ne sont ni anodines ni le fruit du hasard, mais plutôt des signaux d’alarme pour une nation en quête de paix et de réconciliation. Au lieu de se déchirer dans une escalade de violences marquée par des assassinats douteux, des enlèvements, et des détentions dans des lieux non conventionnels, il est urgent pour les Guinéens de baisser les armes politiques et de privilégier le dialogue sincère.
Un véritable dialogue inclusif – et non les simulacres et les cirques du passé – est plus que nécessaire. Les Guinéens doivent se rassembler, loin des calculs politiques et des ambitions personnelles, pour réfléchir sincèrement à l’avenir de leur pays. Est-ce un rêve irréalisable à ce point ? Si chaque camp pouvait faire taire sa soif insatiable de pouvoir et prioriser l’avenir de ses enfants et par conséquent de la nation, la date du 31 décembre 2024 ne serait pas une fin redoutée, mais un nouveau départ.
Ce jour pourrait devenir celui où les Guinéens, unis, auront proclamé d’une seule voix : « La Guinée d’abord, au-delà des divisions politiques ! » À travers cet engagement, ils écriraient une page d’histoire où l’intérêt commun primerait enfin sur les querelles stériles et les ambitions destructrices.
Je viens d’un pays où le terrorisme a réussi à briser les liens les plus sacrés, jusqu’à semer la méfiance entre frères citoyens, où chacun scrutait son voisin avec crainte. Pourtant, dans un élan de résilience nationale, ce pays tente aujourd’hui de se relever grâce au leadership éclairé et au dévouement d’autorités patriotes qui ont su rallumer la flamme de l’espoir.
La Guinée, elle, a encore la chance d’éviter de tomber dans cet abîme. Elle peut apprendre des expériences douloureuses des autres, tirer les leçons nécessaires et prendre le chemin de la réconciliation et de la paix, avant qu’il ne soit trop tard.
À toutes et à tous, je souhaite une bonne reprise de travail, en gardant à l’esprit cette prière sincère : que la paix guide les pas et illumine l’avenir de la Guinée.
Abdoulaye Sankara, journaliste