Questions : le Colonel Mamadi Doumbouya — devenu aujourd’hui Général — a-t-il juré sur le Coran ? Plus précisément, a-t-il prêté serment sur le Coran que ni lui ni les membres actifs de la transition et du CNRD ne seraient candidats aux élections marquant la fin de la période transitoire ? A-t-il prêté serment sur la Charte de la transition ou bien sur le Coran ? Et surtout, a-t-il juré sur le Coran que la transition prendrait fin à l’échéance de décembre 2024 ? A-t-il juré sur le Coran de respecter la Charte de la transition ? Si oui, cette Charte prévoyait-elle en ce moment la fin de la transition en fin décembre 2024 ?
Par ailleurs, le gouvernement guinéen, sous sa direction, s’est officiellement engagé avec la CEDEAO à respecter une période transitoire culminant en décembre 2024. Cet engagement a-t-il été matérialisé par un serment sur le Coran ou simplement par des accords formels ?
Bien entendu, lorsqu’un haut gradé de l’armée, occupant en plus les fonctions de chef d’État, s’engage solennellement, toute violation de cet engagement pourrait être interprétée comme un parjure. Mais cette violation aurait-elle le même poids qu’une rupture du serment sacré effectué sur le Coran ? Le tout est de revisiter l’histoire récente à travers les archives pour savoir à quel moment ce colonel a-t-il juré sur le Coran de rendre le pouvoir en fin décembre 2024, à travers l’organisation d’élections. Ou s’il s’agit de ne pas être candidat. La charte de la transition est-elle différente de l’accord dynamique pris avec la CEDEAO ont sont-ils interdépendants forcément ?
Enfin, les interrogations actuelles se concentrent sur deux axes principaux : d’une part, la possibilité d’un dépassement de l’échéance prévue de 2024 pour la transition, et d’autre part, une éventuelle candidature du (maintenant) Général Mamadi Doumbouya, bien qu’il ne se soit pas encore officiellement prononcé à ce sujet bien — que des signaux le laissent transparaître. Ces deux hypothèses, ou leur combinaison, alimentent les débats et suscitent des inquiétudes au sein de la société guinéenne à l’approche du 31 décembre 2024.
Les réponses claires et objectives à ces questions sont déterminantes pour structurer le dialogue inclusif, de plus en plus demandé par une partie de la population, certains acteurs politiques, de la société civile, des confessions religieuses, et des partenaires sous-régionaux, africains et internationaux.
Ces interrogations ne sont pas limitées au contexte guinéen. Elles résonnent également au sein de la CEDEAO (encore elle !), de l’Union africaine et de la communauté internationale, nourrissant parfois l’impression, fondée ou non, que ces dernières sont dans l’esprit du CNRD dans ses éventuelles velléités de prolonger son pouvoir au-delà de ce qui était convenu ou de le confisquer tout simplement.
Le débat est désormais ouvert. À la Guinée et à ses dirigeants de clarifier les intentions et de lever toute ambiguïté pour garantir la transparence et la crédibilité de la transition.
PS : Il s’agit d’un débat sur des faits, et non d’un parti pris de quelqu’un qui n’en a aucun. Par conséquent, ceux qui ont oublié leur politesse dans le placenta sont priés d’aller la rechercher avant de revenir s’exprimer. Nous connaissons désormais les habituels haineux de l’intifada. Une consolation tout de même : ils ne devraient pas pouvoir intervenir sur cette page. Et si, par aventure, ils y parvenaient, il restera toujours l’option « supprimer le commentaire » ou « bloquer le profil » !
Abdoulaye Sankara, Journaliste