Depuis l’époque coloniale, les puissances dominantes ont méthodiquement exploité les tensions ethniques et tribales pour asseoir leur hégémonie, divisant les populations locales pour mieux les dominer. Cette stratégie perfide, loin d’appartenir au passé, se poursuit aujourd’hui sous des formes modernes, notamment dans le cadre du système néocolonial français, particulièrement actif dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Les divisions ethniques, habilement instrumentalisées, servent à alimenter le terrorisme, plongeant la région dans un chaos soigneusement orchestré. Cette déstabilisation n’est pas le fruit du hasard : elle répond à un objectif cynique, celui d’affaiblir durablement ces États pour les priver de toute gouvernance efficace et annihiler leur souveraineté.
Le véritable enjeu est l’exploitation sans limite des immenses richesses naturelles de zones stratégiques comme le Liptako-Gourma, qui regorgent de ressources convoitées telles que le le cobalt, l’uranium, le lithium, le fer, l’or, le diamant, le coltan, le charbon, le manganèse, la bauxite, le phosphate, le pétrole, le gaz, le cuivre, l’étain, le rhodium, le niobium, et bien d’autres. Sous le prétexte de lutter contre le terrorisme ou de fournir une aide au développement, le néocolonialisme mène une guerre brutale et sans scrupules, où les populations locales sont les principales victimes.
Cependant, un tournant historique a été amorcé grâce à des dirigeants comme Assimi Goïta (Mali), Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Abdourahmane Tiani (Niger), qui ont décidé de briser ce cycle d’asservissement en chassant les forces néocoloniales de leurs territoires. Ces leaders se sont levés pour mettre fin aux massacres et aux souffrances de leurs populations. Mais le néocolonialisme n’a pas capitulé.
Passant désormais par des États africains ayant troqué leur dignité pour des intérêts mesquins, il continue d’armer et d’équiper des groupes terroristes, espérant reprendre pied dans les pays où il a été humilié. La situation actuelle dans l’AES est celle d’une guerre par procuration, où la souveraineté et l’avenir des peuples africains sont en jeu face à un système qui refuse de céder.
En réalité, et pour résumer à l’intention de ceux qui l’ignorent, telle est la situation qui prévaut actuellement dans les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Abdoulaye SANKARA, Journaliste