La Côte d’Ivoire « n’est pas concernée » par les propos du président français Emmanuel Macron, qui a qualifié lundi à Paris, certains gouvernements africains d’ingrats, vis-à-vis de l’engagement militaire français en Afrique, a réagi le porte-parole du gouvernement ivoirien Amadou Coulibaly, mercredi.
« Quant aux pays qui devraient être reconnaissants envers la France, en tout cas, je ne me souviens pas que la France ait mené des combats pour la Côte d’Ivoire, donc nous ne sommes pas particulièrement concernés par ces propos », a réagi le ministre Amadou Coulibaly, en conférence de presse, tenue à l’issue d’un conseil des ministres, ce mercredi 8 janvier 2025.
« Nous avons une collaboration avec la France, avec l’armée française, dans le cadre d’une coopération qui est connue et qui est claire. Nous avons des relations anciennes avec la France avec qui nous avons toujours eu de bonnes relations », a poursuivi le porte-parole du gouvernement.
Concernant la rétrocession du 43e Bataillon Interarmées (BIMA) de la France à la Côte d’Ivoire, un processus annoncé par le président Alassane Ouattara lors de son discours du 31 décembre dernier, le ministre a expliqué que la rétrocession signifie que le camp revient entièrement à la Côte d’Ivoire, sans aucune forme de cohabitation avec l’armée française.
«Il n’y a pas de casernes où plusieurs armées cohabitent », a-t-il affirmé, précisant que ce processus avait été négocié depuis longtemps. De plus, le camp prendra désormais le nom du général Thomas d’Aquin, le premier chef d’état-major ivoirien, en hommage à l’illustre militaire.
Sur la question de la présence militaire française, le ministre a souligné qu’une coopération militaire continuerait dans le cadre d’accords bilatéraux, mais qu’il ne s’agirait plus d’un camp d’intervention avec des troupes françaises sur le terrain.
« Dire qu’il n’y aura plus de présence du tout, c’est remettre en cause les accords qui lient nos pays. D’ailleurs, dans la plupart des ambassades, il y a des attachés de défense dont le rôle est justement de promouvoir la diplomatie militaire, la diplomatie de l’armée. Donc, cette forme de coopération va continuer», a-t-il expliqué.
« Mais ce ne sera pas un camp d’intervention, tel qu’il était prévu, avec un bataillon et les effectifs qui étaient initialement envisagés. Nulle part, il n’a été question de rompre toute coopération avec la France. Ce n’est pas le cas. Mais c’est notre camp. Il nous revient et il porte désormais le nom de Général Thomas d’Aquin. Il sera administré par les Ivoiriens », a-t-il ajouté.
A noter que quelque 1 000 soldats sont encore déployés au 43e BIMA qui sera rétrocédé aux forces armées de Côte d’Ivoire courant janvier 2025.
Pour rappel, le président français Emmanuel Macron avait reproché, lundi lors de la conférence des ambassadeurs à Paris, à « certains gouvernements africains », sans les nommer, d’avoir omis de dire « merci à la France » pour avoir combattu le terrorisme qui menaçait leur existence.
Ces propos ont suscité les réactions des autorités tchadiennes et sénégalaises, alors que d’autres pays où la force Barkhane (comptant 5000 hommes) était déployée pendant près d’une décennie, n’ont pas réagi.
AA / Abidjan / Fulbert Yao