21% du marché des télécommunications en Guinée, l’Etat prend le contrôle de l’opérateur MTN, sans avoir à racheter cette filiale du groupe sud-africain, mais en effaçant sa dette. « Quand un opérateur ne paie pas ses licences et ses fréquences, soit on lui retire ses licences et ses fréquences, soit il doit acquitter cette somme », a souligné à RFI, Stéphane Lelux, ingénieur réseau et président du groupe de conseil Tactis. Selon lui, « MTM avait accumulé une dette de plus de 100 millions de dollars, qui a été convertie en titres, par le transfert de la dette en capital pour l’État guinéen », a-t-il indiqué.
Par cette quasi-nationalisation de MTN Guinée, l’Etat espère concrétiser ses ambitions de souveraineté, déjà affichées dans le secteur aérien, et rééquilibrer un marché des télécom largement dominé par Orange Guinée, co-détenu par Orange et Sonatel.
« L’ambition du président était de relancer un certain nombre de sociétés emblématiques pour les Guinéens, et Guinée Télécom en fait partie », explique le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo. « Il s’agit de regrouper, dans une entité étatique, la gestion des infrastructures pour avoir un socle technologique commun, et un opérateur mobile qui vienne un peu redistribuer les cartes, dans lesquelles un seul opérateur, aujourd’hui, s’est adjugé plus de 80 % du marché. »
Les défis financiers pour une relance concurrentielle.
Guinée Télécom et MTN pourraient donc fusionner. Mais il faudra des compétences et rattraper un retard important dans les investissements. « Aujourd’hui, il y a moins de 1 000 tours qui appartiennent à MTN, dont un peu moins de 800 sont opérationnelles, fait remarquer Stéphane Lelux. Orange en a 2 700 ! Aujourd’hui, pour créer un opérateur d’ambition nationale face à Orange, la seule option, c’est d’investir dans au moins 1 000 à 1 500 tours nouvelles. Ensuite, il va falloir investir aussi dans une nouvelle génération de réseau, puisqu’il faudrait passer de la 4G à la 5G. On parle au minimum de 100 millions de dollars. »
Deux options sont donc possibles selon l’expert : le financement par un nouveau partenaire du secteur – Maroc Telecom, Axian ou Airtel –, mais qui exigerait probablement la majorité des parts dans Guinée Telecom, ce que ne souhaitent pas les autorités de Conakry ; ou un partenaire financier pur, plus un partenaire technique en simple contrat de service, la solution de long terme choisie au Bénin par la SBIN, la Société béninoise d’infrastructures numériques.
Sursautguinee avec RFI