Je m’interroge sincèrement sur la stratégie des partisans du CNRD. Agissent-ils délibérément ainsi ou sont-ils simplement prisonniers d’une vision politique limitée ? Il est illogique de prétendre œuvrer pour un large rassemblement autour de Mamadi Doumbouya tout en continuant à attaquer le professeur Alpha Condé, les membres de l’ancien régime et les cadres du RPG/Arc-en-ciel. Cette incohérence est flagrante.
Prenons l’exemple d’Alhoussein Makanera Kaké, qui affirme que « le RPG/Arc-en-ciel est un parti qui n’existe plus », tout en se rendant à Kankan, son bastion historique, pour chercher du soutien. N’est-ce pas contradictoire ? De même, maître Pépé Koulémou, avocat de Dadis Camara, n’a pas hésité à accuser les anciens cadres du RPG/Arc-en-ciel de tous les maux, tout en espérant paradoxalement rallier les militants du même parti à une éventuelle candidature de Mamadi Doumbouya. Ce manque de cohérence est non seulement déroutant, mais aussi contre-productif.
Il est pourtant incontestable que le RPG/Arc-en-ciel demeure le plus grand parti politique de Guinée, suivi par l’UFDG, avec l’UFR en troisième position, bien que dans une moindre mesure. Les prochaines élections verront, comme par le passé, s’affronter principalement le RPG/Arc-en-ciel et l’UFDG, probablement avec l’UFR en outsider, et possiblement le parti de Mamadi Doumbouya.
Maintenant, imaginons un second tour opposant Cellou Dalein Diallo de l’UFDG à Mamadi Doumbouya. Avec les attaques incessantes des partisans du CNRD contre le professeur Alpha Condé, le troisième mandat et les anciens cadres du RPG/Arc-en-ciel, quel choix resterait à ce dernier ? S’abstenir ou voter, à contrecœur, pour le candidat de l’UFDG ? Cette réalité, bien que prévisible, semble échapper à la compréhension des apprentis stratèges politiques.
Continuer à vilipender le professeur Alpha Condé, à stigmatiser le troisième mandat et à diaboliser les anciens dignitaires du RPG/Arc-en-ciel pourrait, selon eux, être une stratégie payante à l’avenir. Mais à quel prix ? Ces agissements risquent non seulement de fracturer davantage le paysage politique, mais aussi d’hypothéquer tout soutien potentiel lors des échéances électorales à venir. La politique, c’est aussi l’art du compromis et de la cohérence. Une leçon que les thuriféraires du CNRD devraient méditer s’ils souhaitent réellement fédérer autour de Mamadi Doumbouya.
Abdoulaye SANKARA, Journaliste