Ceci est le cri de cœur d’un journaliste poussé il bien plus de six mois. Des mois sont passés, toujours aucune lueur d’espoir pour lui, comme beaucoup d’autres d’ailleurs qui vivent dans une situation de galère et de peur.
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En Guinée, le silence semble devenir la seule option pour ceux qui osent encore défier le statu quo. Journalistes, acteurs de la société civile et leaders d’opinion, tous vivent sous une épée de Damoclès, exposés à des menaces, des disparitions forcées et des morts inexpliquées. Derrière cette chape de plomb, des histoires poignantes et glaçantes émergent, mettant en lumière une répression méthodique et implacable.
Abdoul Latif Diallo : l’exil comme ultime refuge
Le cas d’Abdoul Latif Diallo illustre le drame que vivent de nombreux journalistes en Guinée. Réputé pour ses enquêtes courageuses et ses analyses sans complaisance, il a été contraint de fuir le pays. Ses révélations sur des dossiers sensibles, souvent liés à des scandales financiers et des abus de pouvoir, ont fait de lui une cible à abattre. Aujourd’hui, il vit dans l’incertitude, loin de sa terre natale et sa famille, tout en continuant de porter la voix d’une Guinée assoiffée de justice.
Habib Marouane Camara : un silence lourd d’angoisse
Habib Marouane Camara, journaliste d’investigation connu pour sa rigueur et son audace, a payé le prix fort de son engagement. Enlevé dans des conditions troubles, il demeure introuvable. Sa disparition suscite une vive inquiétude au sein de la profession et au-delà. Ce silence imposé par la force envoie un message clair : enquêter, c’est risquer sa vie ou même être simplement journaliste est un délit.
Hadafo Médias : un bastion sous pression
Au sein du prestigieux Groupe Hadafo Médias, l’atmosphère est électrique. Mamoudou Babila Keita, une des figures de proue de la rédaction, et d’autres journalistes de l’équipe subissent sans cesse intimidations et pressions au quotidien. Certains collaborateurs, anonymes par précaution, racontent des appels menaçants, des surveillances discrètes et des consignes implicites visant à restreindre leurs libertés éditoriales. « Nous travaillons dans un environnement où chaque mot peut devenir une menace pour notre sécurité« , confie un journaliste qui a demandé l’anonymat qu’on lui accordé pour préserver sa vie et celle de sa famille.
La société civile décapitée : Foniké Menguè, Bill Bah, Sadou Nimaga disparus et personne, même les autorités disent ne rien savoir de leur situation.
Les acteurs de la société civile, pourtant piliers de la démocratie, ne sont pas épargnés. Foniké Menguè, militant emblématique et symbole de résistance, après plusieurs mois de persécutions, a fini par être enlevé pour une destination toujours taboue. C’est le cas de son compagnon, Bill Bah, ensuite l’ancien secrétaire général du ministère des mines et de la géologie Sadou Nimaga, porté disparus. Des figures influentes et respectées, subissent également un persécutions constantes. Ces activistes, qui se battent pour des réformes et des droits fondamentaux, sont traités comme des ennemis d’État.
Les morts sans justice : un lourd tribut
Au-delà des intimidations et des disparitions, des vies sont fauchées. Des personnes sont enlevées, mortes, et leurs corps ne sont jamais restitués à leurs familles. Ce cycle macabre laisse derrière lui des familles brisées, des deuils sans fin et une société plongée dans la peur. Ces actes restent souvent impunis, renforçant un sentiment d’injustice et d’abandon parmi les citoyens.
Un pays au bord du précipice démocratique ?
Ce climat de terreur n’est pas qu’une attaque contre des individus ; c’est une menace directe contre les libertés fondamentales et l’état de droit en Guinée. Lorsque les journalistes, les activistes et les voix dissidentes sont réduits au silence, c’est toute la société qui perd.
Un appel au réveil de la conscience collective
Il est temps que la communauté nationale et internationale agisse pour briser cette spirale infernale. Les autorités doivent garantir la sécurité de leurs citoyens, protéger la liberté de la presse et enquêter sur ces cas troublants. Les disparitions forcées et les assassinats ne doivent pas devenir la norme.
Car en Guinée, le silence des voix courageuses n’est pas un choix ; il est imposé par la peur. Mais pour combien de temps encore ?
Réduits au silence et persécutés, plusieurs journalistes ne rêvent plus que de quitter le pays comme certains l’ont réussi.
Vivant désormais dans la cachette, un journaliste chômeur guinéen.