Si j’étais le Général Mamadi Doumbouya, j’ordonnerais à la Haute Autorité de la Communication (HAC) et au ministère de l’Information et de la Communication de rouvrir les médias fermés, surtout en cette année 2025, où la Guinée s’apprête à franchir une étape décisive de la Transition avec le référendum constitutionnel, suivi plus tard d’une élection communale, une élection législative et une élection présidentielle.
Mais une telle réouverture ne saurait se faire sans exigences claires et non négociables. Des exigences qui, si elles avaient été appliquées dès le départ conformément à la Charte de Munich de 1971, auraient rendu beaucoup plus difficile toute tentative des autorités de justifier la fermeture de ces médias. Autrement dit, il est temps d’apprendre de nos erreurs et de redonner à la presse son rôle fondamental, sans pour autant lui laisser dériver vers le chaos.
Ainsi, cette réouverture s’accompagnerait d’obligations strictes : respect absolu des principes fondamentaux du journalisme. Autrement dit, plus de manipulations grossières, plus d’intox, et surtout, plus d’insultes en direct contre les « papas des gens » à l’antenne ! Il est impératif de garantir la véracité et l’exactitude des informations, d’interdire la diffamation et la calomnie, de s’engager à ne pas altérer les faits ni diffuser de fausses nouvelles et, bien sûr, d’accepter de rectifier toute erreur publiée. Ce n’est pourtant pas difficile et c’est cela le journalisme.
Soyons honnêtes : les journalistes aussi ont leur part de responsabilité dans cette situation. Trop de dérapages, trop d’amateurs s’improvisant professionnels, trop de « médias » transformés en tribunes de règlements de comptes. À force de confondre liberté d’expression et chaos médiatique, nous avons tendu le bâton pour nous faire battre. Ce que j’écris sur ma page Facebook doit être différent de ce que je dis à l’antenne, les exigences n’étant pas les mêmes. Bref, en Guinée, le Code de la presse et de la communication encadre également la profession en définissant les obligations et droits des journalistes.
Mais fermer ces médias indéfiniment n’est pas une solution viable. Leur réouverture permettrait à de nombreux pères et mères de famille au chômage de retrouver leur emploi et renforcerait l’image d’une Guinée respectueuse de la liberté de la presse. Une presse libre et responsable est un pilier fondamental de la démocratie à laquelle aspire le peuple guinéen – à commencer par le Président de la Transition lui-même.
Si j’étais donc le Général Mamadi Doumbouya, j’agirais en ce sens et j’instruirais les services compétents à rouvrir ces médias. Mais voilà, je ne suis pas le Général de Corps d’Armée Mamadi Doumbouya, Président de la Transition et chef de l’État. Je suis le docteur Abou Maco, journaliste, simple citoyen de Lambanyi-Wariya. À chacun son poste, à chacun sa responsabilité.
Abdoulaye SANKARA, Journaliste