Les ONG et associations de développement devront désormais aligner leurs activités au Niger sur la « vision » et les priorités stratégiques du régime militaire au pouvoir depuis le putsch de 2023, selon un arrêté gouvernemental consulté dimanche 9 février 2025 par l’AFP.
Les autorités ont demandé cette semaine au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de quitter le pays. En novembre, elles avaient retiré l’autorisation d’exercer à l’ONG française Acted et à l’association nigérienne Action pour le bien-être (ABPE). A chaque fois elles n’ont pas précisé les motifs.
« Il est créé auprès du ministre de l’Intérieur un comité technique chargé de promouvoir la gouvernance des ONG », annonce le ministère dans un arrêté daté de vendredi 7 février 2025.
Ce comité, composé de hauts fonctionnaires et d’experts, aura « pour mission de veiller à l’alignement des interventions » des ONG sur les « quatre axes stratégiques de la vision » du général Abdourahamane Tiani, le chef du régime militaire, explique le ministère.
Parmi ces axes stratégiques, « le renforcement de la sécurité et de la cohésion sociale », « le développement des bases de production pour la souveraineté économique », ou encore « la promotion de la bonne gouvernance » sont cités.
Et pour s’assurer qu’elles se conformeront à cette « vision », le comité pourra « suivre » sur le terrain leurs activités ou « exploiter » leurs rapports annuels.
Le régime militaire nigérien arrivé au pouvoir en juillet 2023 par un putsch a fait de la souveraineté nationale une de ses priorités. Il a notamment tourné le dos à certains partenaires occidentaux, la France en tête.
Les « ONG, nous allons les refonder. Le rythme a changé (…) elles n’ont qu’à travailler dans l’esprit des (nouvelles) autorités nigériennes », avait prévenu fin janvier le général Mohamed Toumba, ministre de l’Intérieur et cadre du régime militaire.
« Les ONG n’ont jamais développé un pays, l’aide n’a jamais développé un pays (…) on peut accepter cette aide, mais il faut qu’elle soit canalisée », avait-il expliqué.
« Beaucoup d’ONG sont en accointance avec ces partenaires qui nous portent la guerre à travers des missions de subversion (…) à travers des soutiens qu’ils apportent souvent aux terroristes », avait-il ajouté.
Le pays est confronté depuis une dizaine d’années aux attaques de groupes jihadistes affiliés à l’État islamique et Al-Qaïda.
Le Niger continue toutefois d’accepter l’aide d’organisations internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) qui a conclu en novembre 2024, un accord avec Niamey pour le décaissement de 43 millions de dollars.
Avec AFP