Le procès de l’ancien ministre de l’économie et des Finances, Mamadi Camara, a connu un nouveau rebondissement ce mercredi 12 février devant la chambre de jugement de la CRIEF (Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières). Accusé de détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux sur un montant de 80 milliards 349 millions 913 mille 302 francs guinéens. Mamadi Camara a vu son dossier s’alourdir avec les récentes déclarations des inspecteurs chargés de l’enquête.
Lors de l’audience précédente, le juge Yagouba Conté avait exigé la comparution obligatoire des inspecteurs ayant rédigé le rapport accablant contre l’ancien ministre. Ce mercredi matin, l’inspecteur général adjoint Abdoul Oumar Diallo a pris la parole pour clarifier les conditions dans lesquelles ce rapport a été établi. Selon lui, les inspecteurs n’ont pas eu le mandat du juge d’instruction pour interroger directement Mamadi Camara, ce qui a conduit à la rédaction d’un rapport provisoire.
« Nous n’avions pas mandat, nous n’avons pas eu le mandat du juge d’instruction pour écouter Monsieur Mamadi Camara. Donc, le rapport que nous allons lui présenter portera la mention ‘’rapport provisoire’ » », a déclaré l’inspecteur général adjoint.
Il a également expliqué que le juge d’instruction s’était engagé à entendre lui-même l’inculpé, ce qui a empêché les inspecteurs de mener une enquête contradictoire. « Le contradictoire ne pouvant pas être fait par nous, parce que la loi ne nous autorise pas, on a donné le rapport au juge d’instruction. C’est pourquoi le rapport porte la mention ‘rapport provisoire’’ », a-t-il ajouté.
L’inspecteur a également détaillé la méthodologie utilisée pour établir le rapport. « Généralement, on fait parfois des missions sur pièce ou sur place. Cette fois-ci, c’est des pièces que nous avons reçues et le mandat était clair de nous assurer si ces montants ont été réellement exécutés », a-t-il expliqué. Il a précisé que les inspecteurs se sont basés sur les informations fournies par la chaîne de dépense de l’État, notamment les montants engagés, ordonnancés et payés.
« Nous avons confronté ces informations avec ce que les textes et les règlements disent. Si on a utilisé une procédure dérogatoire alors que c’est une procédure normale qui était dictée par la loi, on dit que cette procédure nous paraît irrégulière », a-t-il poursuivi. Cependant, il a tenu à souligner que les inspecteurs n’ont pas tiré de conclusions sur le plan pénal, car cela dépasse leur compétence. « Notre compétence s’arrête à constater et éventuellement à caractériser des fautes de gestion, quitte à la cour des comptes de s’approprier du rapport et de convoquer l’ordonnateur », a-t-il conclu.
Cette déclaration a suscité de nombreuses questions sur la validité et la fiabilité du rapport, d’autant plus que celui-ci est qualifié de « provisoire« . Les avocats de la défense pourraient utiliser cet argument pour contester les conclusions du rapport et demander une nouvelle enquête plus approfondie.
La cour a renvoyé le dossier au 26 Mars 2025 pour permettre au prévenu Mamadi Camara et l’agent judiciaire de l’État de faire leurs observations sur le rapport provisoire de la gestion, de vérification et de l’exécution budgétaire du ministère de l’économie et des finances pour les exercices allant de 2018 à 2021 ainsi que la comparution de la partie civile
MJD