Alors que toutes les oreilles étaient tendues se jeudi à l’attente du verdict dans le dossier Dr Ibrahima Kassory Fofana, les choses ont rapidement changé à la CRIEF. Contre tout attente, la Cour a décidé de renvoyer le délibéré au 27 février prochain pour des raisons de difficulté de calendrier.
Le rendez-vous de ce jeudi 13 février était consécutif à la fin des plaidoiries et réquisitions le 20 janvier dernier, date à laquelle le juge Lansana Soumah a renvoyé le dossier à la date de ce jour pour rendre sa décision.
À la sortie de l’audience, l’un des avocats de la défense a réagi en ces termes : « On va laisser le temps au juge de délibérer souverainement. Souhaitons qu’il y ait fumée blanche, que le droit soit dit. »
L’avocat a tenu à rappeler que son client est malade et réclame des soins médicaux appropriés. Il a également souligné les incohérences dans l’affaire, comparant le sort de Kassory FOFANA à celui de la coordinatrice de la MAMRI, également poursuivie pour les 15 milliards GNF que son client aurait détournés, tout en insistant sur le fait que 12 milliards sont toujours logés à la Banque centrale. « Nous vous prions de faire constater que les 15 milliards que la coordinatrice de la MAMRI est devant la CRIEF pour être jugée pour le même montant. Nous vous prions de faire constater que Monsieur Kassory est poursuivi pour un montant de 15 milliards dont 12 milliards sont logés jusqu’à présent à la Banque centrale. Nous réitérons que les 3 milliards, c’est sur appel d’offre que l’actuel ministre de l’Énergie a bénéficié pour faire l’entretien sanitaire de l’ensemble des hôpitaux de la République », affirme-t-il.
Pour la défense, l’incarcération prolongée de l’ancien chef du gouvernement s’apparente à une détention arbitraire aux motifs politiques : « Nous sommes fatigués de cette détention préventive de plus de trois ans. Kassory croit à sa foi, à sa famille et à la République. Il croit à son innocence. »
Me BÉRÉTÉ a également dénoncé le non-respect d’une décision de justice de la CEDEAO, qui avait ordonné la libération de son client, ainsi que le refus d’exécution d’une caution de trois milliards déjà versée devant la CRIEF. « Si Kassory est condamné, ce sera une condamnation politique pour le disqualifier – notre lettre d’appel est disponible parce que ça sera une condamnation politique pour le faire disqualifier. Mais ça ne marchera pas. »
Avant le renvoi du dossier pour le délibéré, le ministère public avait requis contre le prévenu cinq (5) ans de prison, le paiement d’une amende de 5 milliards de francs guinéens et la validation de la saisie conservatoire sur ses différents comptes domiciliés à VISTAGUI.
Les avocats de la partie civile avaient sollicité la condamnation de Kassory au paiement de 15 milliards de francs guinéens à titre principal et 5 milliards à titre de dommages et intérêts. Ils avaient aussi sollicité la validation des saisies sur les comptes bancaires et les biens meubles et immeubles du prévenu.
Moussa SIDIBE