L’Agence Intergouvernementale de Pharmacie et de Produits Pharmaceutiques (AIPP) est actuellement poursuivie devant la chambre de jugement de la cour de répression des infractions économiques et financières aux côtés de deux de ses superviseurs de nationalité malienne, Yamoussa Keita et Lamine Sangaré. Ils sont poursuivis pour plusieurs chefs d’accusation, notamment « atteinte à la santé publique, détention illégale, transfert, importation et vente de produits pharmaceutiques, ainsi que complicité« . Les faits reprochés remontent à avril 2024.
Devant les magistrats, Yamoussa Keita, superviseur, médecin délégué à l’AIPP, a livré sa version des événements :
« C’était en avril 2024, lorsque nous avons été contactés par un numéro inconnu nous informant que des colis en provenance de Bamako, envoyés par Pharmaplus Bamako, étaient destinés à notre agence AIPP. Nous nous sommes rendus sur place pour réceptionner les colis. Sur place, nous avons été surpris par l’arrivée de deux gendarmes qui ont saisi les produits, affirmant qu’il s’agissait de produits illégaux. Pourtant, il s’agissait de dispositifs médicaux : des béquilles, des plâtres et des chaises roulantes. J’ai alors contacté le représentant des Maliens en Guinée, qui a pris contact avec les gendarmes. Ils nous ont laissé partir. Le lendemain, le représentant nous a informés qu’il avait récupéré les produits et les avait stockés dans un entrepôt à Kaloum, nous invitant à aller les chercher. Nous avons récupéré les produits et les avons ramenés à notre siège. C’est alors que les services spéciaux sont venus nous interpeller. Nous leur avons expliqué que les produits venaient de Pharmaplus Bamako. Cependant, lorsqu’ils ont contacté Pharmaplus, l’entreprise a nié être à l’origine de l’envoi. Après vérification, Pharmaplus a découvert que les colis avaient bien été expédiés par l’un de ses employés, Mantala Koulibaly, chargé de l’expédition. Il semble que Pharmaplus n’était pas au courant de cette expédition initialement. Nous avons même appris que Pharmaplus a porté plainte contre son employé, Mantala Koulibaly », a-t-il développé
Le juge Yacouba Conté a ensuite interrogé Yamoussa Keita sur la découverte de produits périmés lors de la perquisition dans les locaux de l’AIPP :
« Oui, mais ces produits étaient destinés à l’incinération. Chez nous, le processus d’incinération prend beaucoup de temps, c’est toute une procédure. Ces produits n’étaient pas destinés à la vente », a répondu le prévenu.
À son tour, Lamine Sangaré, l’autre superviseur mis en cause, a confirmé les déclarations de son collègue. Il a toutefois ajouté que :
« Pharmaplus a affirmé que cette expédition avait été réalisée sans son consentement. Mantala Koulibaly a agi de son propre chef, et non au nom de l’entreprise. »
À l’issue des interrogatoires, le juge Yacouba Conté a décidé de renvoyer l’affaire au 5 mars prochain pour la suite des débats, la communication des pièces et la comparution de l’AIPP. L’affaire, qui mêle soupçons de trafic de produits pharmaceutiques et dysfonctionnements administratifs, suscite déjà de vives réactions dans le secteur de la santé publique.
MJD