Voilà un peu plus de 50 jours que le président du MoDeL est détenu à la Maison Centrale suite à sa condamnation pour offense au chef de l’Etat. Dans la série d’actions pour sa libération, une conférence de presse. Y prenant part, Me Halimatou Camara, membre du collectif des avocats d’Aliou Bah a pointé du doigt, ‘’l’instrumentalisation’’ de l’appareil judiciaire guinéen sous l’ère du CNRD.
« Moi j’aimerais recamper le sujet sur un certain nombre de questions. Je pense que ces questions là sont aujourd’hui des questions qui résonnent dans la tête de l’ensemble des Guinéens. Aujourd’hui, on se demande pourquoi faut-il que d’autres qui expriment leur soutien à des puissants, pourquoi faut-il que leurs voix soient plus audibles que celles de monsieur Mamadou Aliou Bah. C’est une question cruciale. Nous sommes un État, nous sommes dans une République. Aujourd’hui, monsieur Mamadou Aliou Bah est incarcéré depuis près de 50 jours, parce qu’il exprime des opinions, parce qu’il s’exprime en tant que leader politique et que ses opinions dérangent. Pourquoi faut-il aujourd’hui au contraire qu’on ait d’autres voix qu’on peut aussi qualifier de discordantes par rapport à celle de monsieur Mamadou Aliou Bah ? Est-ce cet État qu’on veut léguer aux futures générations ? C’est une grosse question que nous acteurs judiciaires nous nous posons », a-t-elle déploré.
Pour Me Halimatou, la justice guinéenne marche à double vitesse. « Lorsque vous prenez la balance de la justice, il y a quelques semaines on a entendu des personnes s’exprimer en injuriant toute une communauté. Il n’y a jamais eu mise en branle de notre appareil judiciaire pour faire arrêter ces personnes pour donner un certain sentiment de justice aux Guinéens. Aujourd’hui on a le sentiment que la justice est utilisée, elle est instrumentalisée contre un monsieur qui est le président du MoDeL, monsieur Mamadou Aliou Bah. Aujourd’hui la légalité, elle est foutue au sol, elle est malmenée, elle est en train d’être anéantie, j’ai l’impression qu’on est en train de s’acheminer vers un régime de tyrannie qui veut coûte que coûte broyer un homme. Et pour cela, on est en train d’utiliser notre appareil judiciaire pour en finir avec le peu de contestation dans le pays », a regretté Me Halimatou Camara.
Moussa SIDIBE