Ce jeudi, 20 mars courant, une violente affaire d’assassinat présumé qui s’apparente, vraisemblablement, à un cas de féminicide est survenue à Kankan émouvant particulièrement l’opinion publique nationale et faisant, à juste titre, les choux gras des réseaux sociaux.
Depuis, les images qui témoignent du drame sur la toile ainsi que des bouts d’interview de l’accusé, laissent entrevoir sans doute que la victime, une mère de famille, aurait succombé à ses blessures provoquées à l’aide d’un poignard des mains sadiques d’un père de famille, présenté comme son amant.
Il n’y a pas l’ombre d’un doute, au regard du temps, lieu et des conditions dans lesquelles le drame est survenu ainsi que la réaction post-crime que le scélérat a eu beaucoup de cran et une détermination à toute épreuve pour aller jusqu’au bout de son projet criminel.
En attendant que les enquêtes annoncées pour ouvertes par les autorités judiciaires ne livrent leur conclusion, afin d’élucider les causes et les circonstances du drame et le sort pénal réservé au délinquant présumé, il est à noter avec beaucoup de regret, la banalité déconcertante, le sang-froid et l’absence de remords de son auteur devant autant de violence.
Malheureusement, le drame de Kankan est loin d’être un cas isolé de violence, de violence grave même. Mais, au contraire, il lève sérieusement un coin de voile sur la fulgurante ascension de la violence dans notre société. Désormais, il ne se passe plus un seul jour, sans qu’une violence ne soit signalée ou qu’un crime horrible ne soit commis quelque part sur le territoire national.
De plus en plus, les médias et autres rapportent ici, la survenue d’un cas d’assassinat ou de meurtre barbare là, l’intervention d’un viol crapuleux ou d’un vol aggravé. On apprend davantage, de cas de féminicide, d’infanticide, de parricide, d’inceste, de charlatanisme et bien d’autres horreurs indicibles. Et souvent, l’étendue de la violence, les liens entre auteurs et victimes ou même, le statut social des délinquants choquent autant que les crimes eux-mêmes.
Désormais, il est devenu courant dans notre triste quotidien, qu’au nom de l’amour, de Dieu, du pouvoir ou du ‘’dieu’’ argent ; on tue, on viole, on vole, on agresse, on insulte sans aucun gêne ni refoulement et avec pour seul lot de consolation, un semblant de désapprobation éphémère de l’opinion qui s’empressera hélas, de passer l’affaire à perte et profit en attendant la survenue d’une autre à laquelle sera réservée le même traitement apathique.
D’ailleurs, les statistiques fournies par les tribunaux, cours et autres services concernés dans le traitement de ces affaires alertent sur le niveau sans cesse croissant du phénomène criminel dans notre société ainsi que l’urgence et la nécessité d’agir efficacement pour enrayer le fléau. Pour tout dire même, le phénomène criminel constitue aujourd’hui le «mal vivre » de notre société.
Pourtant, si nous ne prenons garde, il est à craindre que l’arbre continue à cacher pendant trop longtemps la forêt. Qu’on s’émeuve encore davantage des effets dans l’ignorance, dans une certaine mesure, de causes criminelles importantes. Car, tout comme, le scélérat présumé de Kankan, la plupart des auteurs de crimes de notre société, souffrent de déviance mentale, trop longtemps négligée ou ignorée. La gravité des violences et les récits des criminels ne peuvent provenir que très certainement d’une marginalité, d’une santé mentale déficitaire.
Pour ma part, dans l’attente de l’avis de sociologues, ethnologues et autres, plus outillés et légitimes à traiter de la question, ma religion est que notre société expose de plus en plus, à la maltraitance des enfants, des femmes et bien d’autres, à la circulation d’images d’une extrême violence et autres chocs psychologiques qui affectent sérieusement et durablement nombre de sujets sociaux. La plupart du temps ces pathologies sont négligées voire ignorées chez les « patients »jusqu’à la survenue d’un jour fatidique qui voit l’irréparable se produire.
C’est à cela que vient se greffer hélas, malheureusement, comme pour ne rien arranger à la situation, la réponse laxiste et timorée de l’appareil judiciaire dans la répression du phénomène criminel.
L’absence de système de prise en charge de pathologies mentales, tout comme des maladies physiologiques, physiques et autres laissent à l’air libre, au grand dam de la tranquillité sociale, nombre de fous réels à l’apparence normale qui troublent, au quotidien, notre sécurité sociale.
La crise de la prise en charge psychologique est un des plus grands défis de notre société qu’on ne saurait laisser pour compte trop longtemps. Il est nécessaire de travailler à le relever rapidement pour notre bien à tous, pour le bien de la société. C’est le commencement même aujourd’hui, d’une société qui se veut un véritable havre de paix, de bien-être et de prospérité pour tous et chacun.
Bangaly KEITA