« Vous avez décidé d’agréer des poursuites, assumez-les. Mais nous n’admettons pas que vous mêlez le chef de l’État à votre procédure ». Ces mots sont de Me Antoine Pépé Lamah qui s’adressait au procureur général près la Cour d’appel de Conakry.
A la présidente de la cour, l’avocat d’Aliou Bah est clair. « Madame la présidente, il y a deux choses. Le chef de l’État, s’il estime qu’il veut figurer dans cette procédure, il sait la voie à entreprendre pour figurer dans cette procédure. S’il veut le faire, il peut le faire lui-même ou alors constituer un avocat qui viendra le représenter ici. Mais ce n’est pas au ministère public de faire, entre guillemets, l’avocat du chef de l’État ».
Du 7 janvier à nos jours, la ligne de défense pour le président du MoDeL ne change pas. Ses conseils demandent la relaxe pure et simple de leur client.
Ce mercredi encore, à l’audience en appel, Me Antoine Pépé Lamah a réitéré sa dénonciation d’une violation des droits fondamentaux et une guerre judiciaire contre la liberté d’expression. Il a donc plaidé pour l’annulation pure et simple du jugement.
Pour la défense, il n’y a pas eu de propos « malveillants, injurieux ou diffamatoires à titre personnel » contre le chef de l’État. Selon Maitre Lamah, les déclarations visées s’inscrivaient dans le cadre légitime d’un débat public et de l’exercice des activités politiques.
En interjetant appel de la décision qui a condamné Aliou Bah, le parquet général, dirigé par le procureur Fallou Doumbouya, a estimé que la condamnation à deux ans de prison ferme était trop clémente. Pour la défense, cette « décision viole l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, l’article 23 de la Charte de la Transition, garantissant la liberté d’expression ».
La défense a rappelé qu’Aliou Bah est président d’un parti agréé par le ministère de l’administration du territoire pour souligner le caractère politique du dossier. Ne reconnaissant pas cela, Me Lamah indique que « le tribunal de Kaloum a entériné une déclaration de guerre contre la liberté d’expression ». Il demande donc à la cour d’appel de ‘’relaxer purement et simplement » son client.
Moussa SIDIBE