Me Amadou DS Bah, l’un des avocats des victimes du massacre du 28 septembre 2009, a réagi vivement après la grâce accordée par le chef de l’Etat, Général Mamadi Doumbouya, à l’ancien président de la transition capitaine Moussa Dadis Camara, l’un des principaux condamnés dans cette affaire. Ce dernier avait écopé de 20 ans de réclusion criminelle avant de bénéficier de cette mesure de clémence.
Pour l’avocat, cette décision « n’est pas une surprise ». « Nous ne sommes pas surpris, car c’était le schéma prévu depuis le début de ce procès. Cela revient à créer l’impunité dans ce dossier et à le vider de toute sa substance », a-t-il déclaré.
Me Bah estime que cette grâce torpille la procédure judiciaire en cours, notamment l’appel encore pendant, devant la cour d’appel de Conakry. « Dès que le principal condamné est gracié, le dossier perd tout son sens. À quoi bon de continuer la procédure en appel ? », s’interroge-t-il.
Il craint également que cette décision n’ait des répercussions sur les autres condamnés, notamment ceux visés par les procédures. « Pour le principal concerné, il n’y aura plus de comparution en appel. Et pour les autres, ce ne sera qu’une question de temps. Le procès en appel n’a plus de raison d’être », déplore-t-il.
Interrogé sur les recours possibles, Me Bah a laissé entendre qu’une action devant la Cour suprême était envisagée. « Nous examinons toutes les options juridiques », a-t-il indiqué, sans toutefois confirmer une saisine imminente.
Cette grâce relance le débat sur l’impunité dans les dossiers sensibles des événements du 28 septembre en Guinée, alors que les familles des victimes attendent toujours une véritable justice pour les 156 personnes tuées lors des violences du 28 septembre 2009.
MJD