Le procès du Dr Ousmane Kaba et de ses coaccusés, poursuivis pour faux et usage de faux en écriture publique ainsi que pour abus de confiance, a connu des moments de vive tension ce lundi lors des plaidoiries finales.
Devant la Cour, Dr Ousmane Kaba, visiblement ému, a rappelé son parcours : « Ça fait 40 ans que j’enseigne. Nous avons formé à l’Université Kofi Annan 25 000 diplômés, dont plus de 2 000 juristes, y compris le premier Président de la Crief ». Mais sa voix s’est brisée d’amertume : « Alors, pourquoi je suis triste ? Parce que j’ai eu le sentiment que les jeunes que nous formons ne défendent pas le bien public ».
Il a dénoncé avec véhémence le « manque total de respect envers nos institutions« , évoquant les accusations portées en audience qualifiant des gouvernements et ambassades de « faux« . « Comment peut-on accepter de telles paroles sans réaction ? », s’est-il indigné, interpelant les juges.
La tension a monté d’un cran lorsque le président de la Cour, Yakouba Conté, a tenté de recadrer le prévenu. « Écoutez, ne criez pas sur moi ! Ce n’est pas parce que vous êtes président… Tu as l’âge de mon fils, arrête ! », a lancé Dr Kaba, provoquant une réaction immédiate du magistrat.
Cette attitude ne reste pas sans conséquence ! « On va vous poursuivre pour outrage ! », a tonné le président, exigeant du procureur qu’il engage des poursuites. « Vous parlez de respect des institutions, mais vous insultez cette Cour ! Trop, c’est trop ! ».
La réplique du président Conté a été cinglante : « Vous dites avoir enseigné le premier président de cette Cour ? C’est faux ! Il n’a pas étudié à Kofi Annan ! ». Une affirmation immédiatement contestée, dans un climat électrique.
L’incident a marqué la fin des réquisitions, laissant un goût amer dans cette affaire judiciaire déjà très médiatisée. Le procureur doit maintenant se prononcer sur d’éventuelles poursuites pour outrage, tandis que le verdict dans l’affaire principale est attendu dans les prochains jours
Ce procès aura révélé bien plus qu’une simple affaire de faux : un profond malaise entre une génération d’enseignants déçue et des institutions qu’elle estime bafouées.
L’affaire est renvoyée au 26 Avril 2025
MJD