Contre toute attente, il n’y a eu que peu de débats ce mercredi 9 avril 2025 dans le procès en appel d’Aliou Bah, président du parti MoDeL, devant la Cour d’Appel de Conakry.
Vers midi, la juge Hadja Fatou Bangoura a renvoyé l’affaire au 16 avril prochain pour la suite des débats, et éventuellement les plaidoiries et réquisitions.
En amont, la Cour a rejeté les demandes de huis clos et de médiatisation du procès, pourtant sollicitées par les parties. La magistrate a invoqué l’article 399 du code de procédure pénale pour justifier sa décision.
A l’entame, c’est le ministère public qui avait requis le huis clos pour « la sérénité des débats », tandis que la défense, dès la première audience, plaidait pour une couverture médiatique. La Cour a pris plus d’une heure pour trancher ces deux requêtes.
Condamné en première instance en janvier dernier à deux ans de prison ferme pour offense et diffamation envers le chef de l’État, Aliou Bah a fait appel. Le procès en appel, ouvert le 26 mars, le voit maintenir sa position : il rejette en bloc les accusations portées contre lui.
À l’issue de l’audience, l’avocat d’Aliou Bah, Me Pépé Antoine Lamah, n’a pas mâché ses mots :
« L’audience qui agit dans l’ombre redoute la lumière. Le mal aime le secret car la vérité le condamne. Le ministère public, désarmé dans ses agissements, a voulu que ce procès se tienne à huis clos parce qu’il n’aime pas la transparence. La Cour a décidé de couper la poire en deux en rejetant aussi bien notre demande de médiatisation que celle du huis clos. Ce qu’elle a rappelé ensuite est une disposition légale qui s’impose à tout moment, sauf si une juridiction en décide autrement. »
Me Lamah a également dénoncé une manœuvre dilatoire : « Nous regrettons que le ministère public ait entretenu cette situation dans le simple but d’éviter que le débat évolue et que M. Mamadou Aliou Bah soit situé sur son sort. Nous serons présents le 16 avril pour débattre et plaider la relaxe pure et simple de notre client, qui n’est poursuivi que pour ses opinions. »
L’affaire reste donc en suspens jusqu’à la prochaine audience, où la défense compte bien faire éclater « la vérité » qu’elle estime étouffée.
MJD