Le procureur général près la cour d’appel de Conakry s’est exprimé ce mardi 16 Avril 2025 à l’issue de la troisième audience du procès de Mamadou Aliou Bah, président du parti MoDeL, poursuivi pour diffamation et offense au chef de l’État. Il a réaffirmé l’engagement de la justice à garantir un procès équitable, tout en justifiant certaines mesures controversées.
Interrogé sur l’interdiction d’accès au public et des appareils d’enregistrement dans la salle d’audience, le procureur général a invoqué l’article 399 du code de procédure pénale, permettant de restreindre la diffusion des débats pour préserver la sérénité des procédures. Toutefois, il a précisé que le huis clos n’a pas été ordonné, contrairement aux demandes initiales du ministère public.
« La cour a tranché : l’accès est permis public, mais sans appareils. Les journalistes peuvent assister aux débats, sans filmer ou enregistrer », a-t-il expliqué, rejetant les accusations de partialité.
Sur le boycott des avocats de la défense du prévenu, Fallou Doumbouya affirme ne pas avoir été officiellement informé de leur retrait de la procédure.
« Officiellement, nous n’avons pas été informés. Je ne peux pas me prononcer sur ce point ». Il évite ainsi de commenter directement les motivations des avocats.
Interrogé sur d’éventuelles restrictions concernant des diplomates, le procureur général a répondu à une journaliste de manière évasive : « Madame, je n’en suis pas informé ».
Face aux inquiétudes sur les conditions du procès, le magistrat a rappelé que la Guinée est liée par les conventions internationales (Déclaration universelle des droits de l’homme, Pacte de 1966, Charte africaine des droits de l’homme). « Nous avons l’obligation légale de respecter les droits des prévenus », a-t-il insisté, déplorant le retrait des avocats de la défense avant le début de l’audience.
Le changement de salle –du bâtiment du procès du 28 septembre vers une salle plus petite – s’est aussi invité dans des débats. Le procureur Fallou Doumbouya l’a attribué à des contraintes logistiques : « La cour d’appel de Conakry gère de multiples affaires avec seulement trois salles disponibles. C’est une question d’organisation interne. »
Interpellé sur la présence d’une cinquantaine de jeunes ayant proféré des menaces à la sortie, le procureur a déclaré ignorer leur identité et les accusations selon lesquelles ils auraient reçu de l’argent. « Si des preuves existent, qu’on nous les présente. Notre mission est d’assurer la sécurité, pas d’enquêter sur des rumeurs », a-t-il répondu.
Le procès est renvoyé au 22 avril pour plaidoiries et réquisitions. Le procureur a assuré que le dispositif sécuritaire serait maintenu, conformément à la loi de 2015 sur le maintien de l’ordre dans les tribunaux.
MJD