Critiqué pour ses présences dans les mouvements politiques, Alphonse Charles Wright pose des questions à ceux qui lui reprochent cette attitude.
« Est-ce mon statut de magistrat m’interdit en ma qualité d’ancien membre du gouvernement de soutenir le chef de l’Etat dans sa vision éclairée pour notre pays et soutenir des acquis du CNRD notamment sur le plan judiciaire ?
Est-ce l’interprétation constitutionnelle soulevant des analyses juridiques sur la candidature de tout citoyen guinéen fut-il le président de la République Général Mamadi Doumbouya est-il contraire à mon statut de magistrat ?
A ces questions de l’ancien Garde des Sceaux, ministre de la justice et des droits de l’homme, c’est d’abord Maître Almamy Samaory Traoré qui réagit sur sa page Facebook.
« Un magistrat, même placé en situation de détachement, reste astreint à un devoir d’impartialité et d’indépendance, consacré par son serment. Sa participation à des manifestations à caractère politique constitue une violation manifeste de ses obligations. Les tentatives de justification de tels agissements ne sauraient masquer la gravité de cette faute », a indiqué Maître Almamy Samory Traoré.
Abondant dans le même sens, le juriste Kalil Camara ira plus loin en disant que « Les magistrats sont tenus aux devoirs qui tiennent à leur état, à l’honneur et à la dignité de leur profession. Qu’il soit du parquet ou du siège, le magistrat est également tenu aux devoirs d’indépendance, d’impartialité et d’intégrité. Ces devoirs impliquent pour les magistrats des réserves (abstentions) pour les prises de position politiques ».
A en croire le juriste, « La loi 054 portant statut des magistrats, interdit sans ambiguïté aux magistrats l’adhésion à un parti politique ou et les manifestants de nature politique. En l’espèce, l’article 30 de cette loi dispose que : « Les magistrats, même en position de détachement, n’ont pas le droit d’adhérer à un parti politique et toutes manifestations politiques leurs sont interdites ».
Contrairement à ce que dirait l’ancien ministre Charles Wright pour se justifier, Kall Camara, le juriste rappelle par ailleurs que « Le magistrat n’a le droit de prendre part à aucun mouvement de nature politique ou en soutien au gouvernement. Il n’a pas non plus le droit de se prononcer sur des causes autres que celles qui le concernent personnellement ».
Conformément à l’article 35 de la loi susvisée, tout manquement par un magistrat à ces devoirs constitue une faute professionnelle.
En reprenant les dispositions de l’article 19 de la loi 054, il est important de rappeler que « la promotion des magistrats doit être fondée sur facteurs objectifs en particulier les qualifications professionnelles, la compétence, l’intégrité et l’expérience » et non sur la manifestation de soutien directement ou indirectement au gouvernement qui semble désormais la voie facile pour les magistrats d’avoir des promotions ou de bénéficier des privilèges », a rappelé le juriste.
La Rédaction