Le récent rapport d’Amnesty International sur la situation en Guinée mérite d’être salué pour avoir mis en lumière les préoccupations des Guinéens engagés dans la défense des droits humains et des libertés fondamentales. Ce document, bien que non exhaustif, confirme la violation récurrente et massive des droits de l’homme dans notre pays. Il révèle que la junte, par ses excès, s’est transformée en une force brutale, autoritaire et dangereuse, réprimant tous les citoyens qui aspirent à l’exercice de leurs droits et libertés.
Ce constat alarmant ne saurait être ignoré. Sous le régime du CNRD, les enlèvements, séquestrations et disparitions forcées sont devenus une réalité quasi quotidienne. La justice, pilier essentiel contre l’arbitraire, s’est pervertie en un instrument de répression aux mains de l’exécutif, utilisé pour faire taire les voix dissidentes et décourager toute forme d’opposition. Les violations graves et répétées des droits humains, l’interdiction systématique des manifestations — à l’exception de celles organisées par les partisans du pouvoir — en violation flagrante des lois nationales et des conventions internationales ratifiées par la Guinée, ainsi que l’assassinat tragique de 67 jeunes manifestants à ce jour, illustrent de manière saisissante cette dérive autoritaire.
La gestion solitaire et opaque de la transition, les poursuites judiciaires fallacieuses et la volonté manifeste de confisquer le pouvoir entretiennent un climat de tension permanent et menacent sérieusement la paix et la stabilité du pays. La fermeture illégale des médias indépendants — dont le seul tort est d’avoir dénoncé la corruption endémique, l’enrichissement illicite, les détournements de fonds publics et les marchés attribués de gré à gré au détriment de la population — constitue une atteinte grave à la liberté de la presse et au droit fondamental à l’information.
Plus inquiétant encore est le sentiment d’abandon ressenti par le peuple guinéen face au silence assourdissant de la communauté internationale. Ce silence, de la part des partenaires bilatéraux et multilatéraux, s’apparente à un soutien tacite aux violations des droits humains et des libertés fondamentales.
Aussi, nous lançons un appel pressant au CNRD afin qu’il honore ses engagements, qu’il mette un terme immédiat aux violences et qu’il rompe avec les pratiques qui conduisent inéluctablement le pays dans une impasse. Il est impératif que le Général Mamadi Doumbouya fasse preuve du courage nécessaire pour mettre fin à la répression, renoncer aux manœuvres dilatoires et revenir aux principes fondamentaux d’une transition véritable : assurer la gestion des affaires courantes et organiser, dans les délais les plus brefs, des élections libres, inclusives, transparentes et crédibles. Le peuple guinéen doit pouvoir choisir librement celles et ceux qui auront la responsabilité de guider son destin dans la paix, la justice et la dignité.
Souleymane Souza KONATÉ
Coordinateur de la Cellule de Communication de l’UFDG
Président de la Commission Communication de l’ANAD