Après la tempête soulevée par le retrait massif de titres miniers, ce mercredi, dans les locaux de la Fédération Patronale des Guinéens du Secteur Minier (FEPAMGUI), M. Ahmed Kanté, ancien ministre des Mines et de la Géologie, aujourd’hui à la tête de la société AGB2A-GIC, a réagi de manière pragmatique, en se projetant sur l’avenir, avec au passage une proposition concrète qui pourrait rapporter entre 40 et 50 millions de dollars USD par an à l’État.
Face à un parterre de journalistes, M. Kanté a reconnu avoir été affecté par cette décision étatique, qui a touché des dizaines d’acteurs miniers, nationaux comme étrangers.
« Quelque chose qui a ébranlé tout le monde a certainement ébranlé aussi l’investisseur, le promoteur minier que je suis », a-t-il confié, visiblement touché par le retrait du permis d’Axis, un permis d’exploitation sur lequel son entreprise opérait via une amodiation.
Ces deux dernières années, avec ses partenaires techniques et financiers, AGB2A-GIC, une entreprise 100 % guinéenne, a consenti des efforts considérables pour garantir l’exploitation du site bauxitique, permettant au Trésor public d’engranger des recettes.
M. Kanté a tenu à rappeler l’ampleur de ses investissements visibles, estimés à plus de 313 millions de dollars.
« Ce n’est pas en PowerPoint, pas en documentaire, mais en réalité sur le terrain que tout le monde peut constater en se rendant sur nos différents sites à Boffa et Fria », a-t-il insisté.
« Nous sommes capables de rapporter à l’État guinéen plus de 50 millions de dollars par an supplémentaires. Tous ceux qui me connaissent savent que je ne m’exprime jamais dans le vide. », a-t-il affirmé avec assurance.
L’Administrateur Général d’AGB2A-GIC a réaffirmé la souveraineté totale de l’État dans la gestion de ses titres miniers, tout en exhortant les autorités à intégrer des critères d’équité et de mérite dans l’attribution future des permis.
Il estime que la réattribution à AGB2A-GIC du permis retiré à Axis serait non seulement juste, mais cohérente avec les objectifs de développement national.
« Être à ce niveau de performance et aussi être Guinéen, ce sont des avantages, il me semble », a-t-il soutenu, invitant le gouvernement à saisir cette opportunité pour encourager une politique nationale de soutien aux entreprises locales performantes.
Dans une comparaison évocatrice, il a cité l’exemple de l’homme d’affaires nigérian Aliko Dangote, rappelant le rôle crucial joué par l’État nigérian dans son essor.
« Ce sont les États qui ont créé les champions nationaux. Sans Obasanjo, on n’aurait pas parlé de Dangote », a-t-il souligné, appelant à une vision industrielle ambitieuse pour la Guinée.
Ahmed Kanté a conclu son intervention sur une note résolument patriotique.
« Nous sommes ébranlés. Quelquefois, on se pose des questions. Mais, dans le fond, nous faisons entièrement confiance à l’État guinéen. Entièrement confiance. Parce que tous les actes que nous posons et toute notre activité vont dans le sens de la refondation, qui est le maître mot du CNRD. », a-t-il déclaré.
Dans un contexte où l’État cherche à promouvoir une politique favorable aux nationaux, cette déclaration mesurée d’un acteur majeur du secteur pourrait ouvrir la voie à un dialogue constructif sur l’avenir des entreprises guinéennes dans le secteur minier.
Kêkoura Kourouma