Le tribunal de première instance de Kaloum a ordonné, mercredi 5 juin 2025, la mise en liberté de Valéry N’koro, une femme de nationalité camerounaise poursuivie pour faux, usurpation de titre, tentative d’escroquerie et complicité. Pourtant, malgré cette décision du juge Aboubacar Tiro Camara, la libération n’a pas eu lieu. Le parquet s’y oppose et envisage de faire appel. Une démarche qui a provoqué la colère des avocats de la prévenue.
Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi à la Maison de la presse, les défenseurs de Valéry N’koro ont dénoncé ce qu’ils qualifient « d’injustice flagrante ». Mais comment cette affaire a-t-elle commencé ?
Selon Me Almamy Samory Traoré, l’un de ses avocats, la prévenue était venue en Guinée pour une prospection d’affaires et devait rencontrer une personne à la présidence de la République. Faute d’obtenir ce rendez-vous, elle a été interpellée le 11 octobre 2024 et conduite au haut commandement de la gendarmerie. Malgré les tentatives de ses avocats pour la rencontrer, l’accès leur a été refusé pendant onze jours. Ce n’est qu’après l’intervention du barreau qu’ils ont pu la voir, non pas à la gendarmerie, mais au parquet de Kaloum.
Un juge d’instruction a été saisi, et Valéry N’koro a été placée en détention. Après plusieurs mois de procédure, le tribunal l’a finalement condamnée à sept mois de prison, peine qu’elle a déjà purgée intégralement, puisque sa détention a duré du 18 octobre 2024 au 4 juin 2025. Pourtant, au lieu d’être libérée comme l’exige la loi, elle a été reconduite en prison sur ordre du procureur Magassouba.
Les avocats s’indignent face cette « violation flagrante du code de procédure pénale », notamment l’article 546, qui prévoit la libération immédiate d’un prévenu dès lors que la durée de la détention atteint celle de la peine prononcée. « La dame a fini de purger sa peine, elle en a même purgé plus. Normalement, elle ne devrait pas retourner en prison », a insisté Me Traoré.
Me Salifou Beavogui, un autre avocat de la défense, a dénoncé une « injustice pure et simple », rappelant des cas similaires où des détenus avaient été illégalement maintenus en prison malgré des décisions de justice. « Nous sommes dans un dossier cousu de bout en bout d’arbitraire », a-t-il déclaré, appelant les organisations de défense des droits de l’homme à se mobiliser.
Les avocats ont annoncé leur intention de saisir le bâtonnier et n’excluent pas des poursuites disciplinaires contre les magistrats impliqués. Pour eux, cette affaire dépasse le cas de leur cliente : c’est un combat pour l’État de droit en Guinée.
En attendant, Valéry N’koro reste derrière les barreaux, dans une situation que ses défenseurs jugent illégale. Une nouvelle audience pourrait avoir lieu en appel, mais en l’état, le parquet du tribunal de première instance de Kaloum est une fois de plus sous le feu des critiques.
Affaire à suivre …
Mohamed Junior DIALLO