À 15 kilomètres de Kankan, en Guinée, se trouve Kôlôni, un petit village fondé en 1921. C’est ici qu’est né en 1922 Solomana Kanté, l’inventeur de l’alphabet N’Ko, un système d’écriture destiné aux langues mandingues et devenu un outil majeur d’expression culturelle et intellectuelle.
Le nom « Kôlôni » signifie « petit puits » en malinké. Ce puits, au centre du village, est réputé pour son eau bénite, qui ne tarit jamais. Selon la tradition, cette eau aurait été utilisée pour laver le jeune Solomana à sa naissance, et serait liée à son intelligence hors du commun.
Récemment, Ahmed Kanté, ancien ministre et descendant de Soumahoro Kanté, s’est rendu à Kôlôni pour rendre hommage à Solomana Kanté. Il a visité les lieux symboliques du village : la maison natale de l’inventeur, le fameux puits, le cimetière familial et un centre de traitement traditionnel.
Pour Ahmed Kanté, la création du N’Ko marque un tournant historique :
« Une nation libre a besoin de son propre alphabet. Le N’Ko permet aux peuples mandingues d’exprimer leurs idées sans passer par une langue étrangère. C’est un outil de souveraineté culturelle. »
Il rappelle que le N’Ko est désormais enseigné dans plusieurs universités à l’étranger, et que des textes religieux majeurs comme le Coran et la Bible ont été traduits dans cet alphabet. Selon lui, comme l’Adlam et le KoréSébely, le N’Ko participe à l’émancipation linguistique et identitaire de la Guinée.
Avant de quitter le village, Ahmed Kanté a assisté à une lecture du Coran en N’Ko et a promis de soutenir l’école locale en fournissant des tables-bancs.
Kôlôni reste aujourd’hui un symbole fort de la capacité des Africains à créer, transmettre et affirmer leur propre vision du monde à travers l’écriture.
Alpha Bangoura