Mon mari est en exil pour avoir rêvé d’une Guinée meilleure”
Epouse Bayo Alpha
13 Juillet 2024- 13 Juillet 2025
Voilà un an, jour pour jour, que mon mari, Alpha BAYO, vit en exil forcé au Sénégal. Loin de ses enfants, de sa terre natale, de sa famille, mais surtout loin du combat qu’il mène depuis toujours avec conviction et courage. Ce n’est pas un exil choisi. C’est une fuite imposée par la nécessité vitale de sauver sa vie, préserver sa liberté, et protéger son intégrité face aux menaces réelles et répétées qu’il subissait en Guinée.
Alpha n’est ni un criminel, ni un agitateur. Il est un patriote sincère, un citoyen engagé, un professionnel compétent, un mari aimant et un père de famille dévoué. Ceux qui l’ont connu savent combien il est proche de la jeunesse, combien il croit aux valeurs de justice, de dialogue et de paix. S’il a dû quitter son pays, c’est parce qu’il a osé défendre des principes : la liberté de la presse, les droits humains, l’accès à l’électricité, la lutte contre la vie chère. Des combats légitimes, menés sans violence, dans le respect des lois et des valeurs républicaines.
Un exil qui brise plus que des rêves
Depuis un an, nos quatre enfants grandissent sans leur père. Chaque soir, je dois répondre à la même question : « Maman, pourquoi papa ne revient pas ? » Ils lui envoient des dessins, des messages, des appels… mais toujours la même absence. Leur père n’est pas derrière les barreaux, mais il vit une détention à ciel ouvert, celle de l’éloignement forcé, de l’exclusion sociale et professionnelle
Ce silence imposé, nous le vivons comme une punition collective. Mais jusqu’à quand faudra-t-il endurer cela ?
Exiler un homme, c’est tenter de faire taire une voix. Mais une voix engagée ne se tait jamais. Et les idées que l’on veut faire taire, elles résonnent plus fort encore à travers ceux qui restent debout.
Le retour d’Alpha est une question de justice et d’apaisement
Ce que subit mon mari aujourd’hui est le reflet d’une Guinée où l’opinion devient un danger, où l’engagement sincère est perçu comme une menace. Mais nous refusons de baisser les bras. Je refuse de me résigner.
En tant qu’épouse, en tant que mère, et en tant que citoyenne, je lance un appel aux autorités guinéennes :
Il est temps de faire preuve de grandeur. Il est temps de reconnaître qu’aucun pays ne se construit en écartant ses propres fils, en muselant ceux qui croient en lui.
Il est temps de permettre à Alpha BAYO de rentrer en Guinée, en toute sécurité, pour retrouver sa famille, reprendre ses activités, et poursuivre son engagement pacifique au service de son pays.
Je ne demande aucun privilège. Je réclame simplement ce qui est dû à tout citoyen : le droit de vivre librement sur la terre de ses ancêtres, de participer au développement de sa nation, de servir sans avoir à fuir.
Pour l’avenir de nos enfants. Pour l’honneur de notre pays. Pour l’espoir d’une Guinée réconciliée.
Ce combat n’est pas seulement le nôtre. Il est celui de toutes les familles guinéennes séparées, meurtries ou réduites au silence à cause de l’engagement d’un proche.
Je veux que mes enfants sachent que leur père n’a pas fui : il a résisté. Il a fait le choix difficile, mais digne, de se préserver pour continuer à servir.
Et je veux qu’un jour, ils puissent dire avec fierté : « Notre père est rentré chez lui, la tête haute, dans une Guinée qui a su choisir la justice plutôt que la peur. »
À toi, mon époux : je suis fière de ton courage, fière de ton engagement, fière du combat noble que tu mènes non seulement pour nous, mais pour toute la Guinée.
Et je resterai, quoi qu’il arrive, à tes côtés.
Djenabou KABA
Femme, mère et citoyenne debout