La vulgarisation d’une Constitution n’est ni un acte d’adhésion systématique, ni une campagne de mobilisation politique, encore moins une invitation à voter « oui ».
C’est un devoir de transparence et un exercice d’éducation citoyenne.
Aujourd’hui, alors que notre pays s’apprête à se doter d’une nouvelle Loi fondamentale, je tiens, en tant que jeune leader politique et patriote engagé, à rappeler que chaque Guinéen a le droit et le devoir de comprendre ce qui se joue.
Vulgariser, c’est expliquer. Pas imposer.
Vulgariser une Constitution, c’est rendre accessible un texte souvent complexe. C’est permettre aux citoyens de s’approprier leur Loi suprême, sans pour autant les orienter.
Il ne suffit pas d’avoir entendu parler d’un changement : il faut en comprendre le sens, les enjeux et les conséquences.
Vulgariser, c’est éclairer le débat sur les institutions
Un Parlement bicaméral : Assemblée nationale et Sénat
Article 65 : « Le Parlement est composé de deux chambres : l’Assemblée nationale et le Sénat. »
Jusqu’ici, la Guinée ne comptait qu’une seule chambre législative. Ce changement est profond : il introduit un équilibre nouveau dans le travail parlementaire, mais aussi plus de complexité.
Il est donc crucial d’expliquer le rôle de chaque chambre, leur mode de désignation et leurs compétences respectives.
Vulgariser, c’est faire connaître les avancées démocratiques
La possibilité de candidatures indépendantes
Article 45 : « Tout citoyen peut se porter candidat à une élection sans être affilié à un parti politique, sous réserve de remplir les conditions prévues par la loi. »
C’est une avancée notable : elle ouvre l’espace politique à tous les citoyens, pas uniquement aux partis. Ce changement mérite d’être expliqué, sans jugement de valeur, pour que chacun en comprenne la portée.
Vulgariser, c’est informer sur les critères de représentativité
L’âge pour être candidat à la présidence
Article 28 : « Tout candidat à l’élection présidentielle doit être âgé de quarante (40) ans au moins et de quatre-vingt (80) ans au plus. »
Ce nouveau cadre restreint l’éligibilité aux personnes situées entre 40 et 80 ans.
Il écarte de facto les très jeunes citoyens ou les anciens chefs d’État souhaitant revenir.
Ce débat mérite d’être porté publiquement, sans tabou, dans l’intérêt de la nation.
Vulgariser, c’est présenter les outils de souveraineté populaire
Le peuple peut se prononcer directement
Article 144 : « Le référendum est une forme de votation populaire par laquelle le peuple adopte directement une décision. »
Article 147 : « La révision constitutionnelle peut également être soumise à référendum. »
La votation populaire devient ici un levier légitime d’expression directe. Le peuple n’est plus seulement spectateur, mais acteur des grandes décisions constitutionnelles.
Vulgariser, c’est renforcer la souveraineté nationale
Article 14 : « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants élus et par voie de référendum. »
Le peuple a le dernier mot, mais encore faut-il qu’il sache ce qu’il y a en jeu.
Une Constitution acceptée sans compréhension est une abdication, pas un pacte.
Vulgariser, ce n’est pas faire campagne
Expliquer un texte n’est pas militer pour son adoption.
C’est informer la population sur ses droits et devoirs, de manière neutre, équilibrée et inclusive.
Article 11 : « Tout individu a droit à la liberté d’expression, à la liberté de presse, à la liberté de communication et à la liberté d’accès à l’information. »
Cela implique que toutes les opinions, y compris critiques, doivent pouvoir s’exprimer librement dans le débat constitutionnel.
Je lance un appel aux autorités , aux jeunes, aux leaders d’opinion, aux partis politiques, aux confessions religieuses, aux enseignants, aux ONG, aux syndicats :
Vulgarisons cette Constitution sans faire campagne. Organisons des lectures publiques, des débats ouverts, des capsules audio/vidéo, des animations culturelles autour du texte.
Permettons à chaque Guinéen de comprendre avant de choisir.
La démocratie ne se nourrit pas de slogans, mais de sens. La souveraineté ne se construit pas dans l’ignorance, mais dans la lucidité. Et le patriotisme véritable n’impose pas, il éclaire.
Expliquer n’est pas orienter. Informer n’est pas influencer. Vulgariser, c’est respecter l’intelligence du peuple. C’est rendre possible un vote libre, souverain et digne.
Je demande encore à tous les acteurs politiques, sociaux et religieux de mener cette vulgarisation avec responsabilité, objectivité et neutralité. Car la démocratie s’épanouit là où l’on éclaire le peuple, non là où on le manipule.
En vulgarisant cette Constitution, je ne cherches pas à faire triompher une opinion, mais à faire vivre un droit : le droit de comprendre.
Cheick Oumar TRAORÉ
Président de l’Upag – Les Patriotes de Guinée & Coordinateur du Collectif des Leaders pour la Refondation en Guinée