Il y a des choix qui s’imposent d’eux-mêmes. Celui de Djenabou Touré à la tête de la Direction générale des élections (DGE) relève de l’évidence. Pas du hasard. Car dans le microcosme électoral guinéen, peu de profils peuvent revendiquer une expérience aussi riche, une expertise aussi pointue, et un leadership aussi enviable.
Depuis les années 98, lorsqu’elle faisait ses premiers pas au Haut Conseil des Affaires électorales, Madame Camara Djenabou Touré n’a cessé de gravir les échelons, inscrivant son nom dans l’histoire de toutes les étapes majeures du processus électoral guinéen. En 2011, en guise de reconnaissance de ses compétences, elle est nommée Directrice nationale adjointe de l’Administration électorale. Très vite, son expertise est sollicitée à la nouvelle Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour y occuper le très stratégique poste de Directrice adjointe du département Planification et Fichier électoral jusqu’en 2021. Puis vint, le 5 septembre de la même année. Avec les nouvelles autorités, la CENI est dissoute laissant dans l’incertitude, le personnel de l’Institution électorale. Mais pas Djenabou Touré. Son profil, adossé à de solides certifications et à une passion intacte pour les affaires électorales, retient l’attention des plus hautes autorités. Elle est alors appelée à diriger la Direction nationale des affaires politiques et de l’administration électorale. C’est à ce poste qu’elle initie, avec la bénédiction de sa hiérarchie, une évaluation inédite, retentissante mais controversée des partis politiques.
Certes, le timing de l’opération était légitimement questionnable au regard du contexte politique empreint de suspicion, de méfiance, voire de défiance entre les principaux acteurs politiques et le Gouvernement-CNRD. Mais force est d’admettre que sur le fond, l’initiative visant à renforcer la gouvernance des partis politiques et professionnaliser davantage les animateurs de l’espace politique, est une exigence pour toute démocratie en construction.
Aujourd’hui, sa nomination en qualité de Directrice générale des élections (DGE) ne tient ni de la complaisance ni d’une faveur faite à la gent féminine. Elle est le fruit logique de son travail acharné, de son parcours enviable, de ses compétences, et d’une connaissance approfondie des questions électorales, notamment en matière d’identification des électeurs et de constitution de fichiers biométriques.
Le président de la Transition, en misant sur cet oiseau rare, semble faire le choix de la raison, de la rigueur, de l’expérience et de la compétence. Que certains Guinéens désapprouvent sa nomination ou fassent des procès d’intention à son encontre ? Quoi de plus normal car c’est bien l’exception qui confirme la règle, dit-on. Mais au-delà des opinions, il reste entendu que : « les faits sont sacrés et le commentaire est libre ». Et ici, les faits relayés sont vrais puisque vérifiables.
D’ailleurs, le débat, le vrai, ne devrait-il pas porté plutôt sur les marges de manœuvres réelles dont dispose une Directrice générale des élections pour garantir la transparence, l’inclusivité, et l’intégrité des scrutins à venir. Une question qui semble relever plus de la volonté politique que de la capacité technique. Une chose est sure : avec un tel CV, Dame Djenabou a encore de beaux jours devant elle. Soit !
Mael Camara in Le Punch