Le 21 septembre, plus de 6 millions de guinéens sont appelés à se prononcer par référendum pour ou contre la nouvelle constitution. Pendant ce temps, le principal parti de l’opposition, l’Union des Forces Démocratiques de Guinée peine encore à tenir son congrès pour le renouvellement de ses instances. Le référendum annoncé, l’UFDG appellera-t-il à voter oui ou non ? Son président, Cellou Dalein Diallo qui était l’invité de RFI garde encore des griefs contre la gouvernance du CNRD.
« Ecoutez! L’UFDG ne se sent pas concerné par cette opération. Il y a un dialogue pour définir les termes dans lesquels le retour à l’ordre constitutionnel serait organisé. Elle (la junte) a toujours fait ce qu’elle a voulu et que donc l’UFDG et les coalitions dont on est membre ne se sentent pas concernés par cet événement. »
Est-ce à dire que Cellou Dalein Diallo va appeler à l’abstention ? « … nous sommes en train de nous concerter, puisqu’au-delà de nos coalitions, il y a beaucoup d’autres partis politiques et des organisations de la société civile qui n’acceptent pas cette constitution imposée. Dans la mesure où elle comporte une violation des engagements pris et du serment que le général avait prêté de ne pas candidater ni lui-même, ni les membres du CNRD, ni les membres du gouvernement », a indiqué l’ancien premier ministre.
L’UFDG et ses alliés ne s’endorment pas. « Donc, nous sommes en train de voir comment nous pourrions nous organiser pour effectivement s’opposer à cet autre coup d’État contre le peuple de Guinée, contre les droits et libertés des Guinéens de choisir librement leurs dirigeants. Parce que vous suivez sans doute toutes ces mobilisations, tous ces mamayas, comme on le dit chez nous, pour promouvoir, justifier la candidature de Doumbouya, qu’on veut présenter comme un homme providentiel qui doit continuer justement ses chantiers, alors que sa gouvernance a été catastrophique pour le peuple de Guinée, marquée par une violation massive et récurrente des droits humains et des libertés fondamentales, marquée par les disparitions forcées. Vous connaissez le cas de Fonike Mange, Billo Bah, Marouane Camara, Simiga (Sadou Nimagan). Acteurs majeurs de la société civile et des journalistes qui sont portés disparus et dont on n’a pas de nouvelles jusqu’à maintenant », a-t-il énuméré.
Et pas que ! « Je ne parle pas de la corruption et du détournement des deniers publics. Avec la manne minière, comme vous le savez, la bauxite aujourd’hui s’exporte, ils vont faire peut-être 200 millions de tonnes cette année, contre une vingtaine de millions en 2015. Et donc, il y a l’argent ».
Cellou Dalein pourra-t-il appeler à voter, non ?
« Non, mais les conditions d’un scrutin juste et transparent ne sont pas réunies. Je vous rappelle que c’est le ministère de l’administration du territoire, dirigé par un général, appuyé de ses préfets, qui sont tous militaires, et de ses sous-préfets, qui sont à 60% issus des forces de défense et de sécurité, qui vont organiser ce référendum. Et donc, dans un environnement où il y a une terreur qui s’abat sur le peuple de Guinée, où il y a la peur, la corruption, et donc l’expression de la volonté populaire ne sera jamais prise en compte. Donc, nous ne sommes pas pour cette mascarade, tout juste pour doter le pays d’une constitution qui permettra à Doumbouya de confisquer le pouvoir », a laissé entendre Cellou Dalein Diallo.
Il y a plus de trois ans que Cellou Dalein Diallo, vit en exil en Afrique de l’Ouest, notamment parce qu’il est poursuivi par la justice guinéenne. Et il y a six semaines, il a tenté de se faire recenser à Abidjan afin de pouvoir voter au référendum du 21 septembre prochain, mais cela n’a pas marché.
Selon le président de l’UFDG, « On m’a dit non, que les instructions ont été données par les autorités de Conakry de ne pas me recenser. Je suis allé à un bureau, on m’a renvoyé, on a même fermé le bureau dès mon arrivée pour plier tout et partir. Donc, je n’ai pas pu, mais c’est un fait. »
Alors, pour justifier son non-recensement, le Premier ministre actuel, Bah Oury, a affirmé sur RFI il y a quelques jours qu’il y avait, le concernant, un problème en termes de résidence et qu’il fallait qu’il atteste d’une résidence d’une certaine durée ce qu’il n’a pu faire Sinon, pour lui, il n’y a aucune volonté d’exclure qui que ce soit de ce processus.
« Écoutez, le rôle de Bah Oury, c’est de justifier ce que la junte a pris comme décision. J’ai présenté tous les documents requis. Donc ce que le Premier ministre dit, vraiment, c’est une contre-vérité »
Il y a un peu plus d’un an, c’était en juin 2024, sur RFI, Cellou Dalein Diallo disait, « je vais rentrer bientôt à Conakry », sans jamais rentrer.
« Oui, les conditions de mon retour ne sont pas encore réunies. Il y a trop de haine et de harcèlement. Vous voyez tout ce qu’ils font tous les jours pour empêcher la tenue du Congrès, pour refuser que je m’enrôle dans le fichier électoral, pour déclencher des poursuites fantaisistes contre moi. Donc j’attends qu’il y ait moins de passion et de haine, mais dans tous les cas, ma place est là-bas auprès du peuple pour mener le combat contre les dérives qui s’annoncent », a-t-il répondu.
DAMOCA