Cheikh Anta Diop disait : « La facilité avec laquelle nous renonçons, souvent, à notre culture ne s’explique que par notre ignorance de celle-ci, et non par une attitude progressiste adoptée en connaissance de cause. »
Cet éminent intellectuel affirmait aussi que : « L’ignorance de l’histoire de son peuple est une forme de servitude. »
Ces réflexions nous montrent qu’aucun peuple ne peut avancer sans savoir d’où il vient. C’est par son histoire qu’il se comprend, et par sa culture qu’il s’exprime, s’élève et se valorise.
L’histoire et la culture ne sont donc pas deux entités distinctes. L’histoire, c’est ce qui s’est passé, tandis que la culture est la manière dont on en parle et dont on la vit.
Ces deux éléments constituent les fondements de notre identité, de notre unité et de notre fierté en tant que peuple. Ils agissent à la fois comme un miroir de notre passé et comme un guide pour notre avenir.
L’histoire d’un peuple, ce n’est pas simplement une liste d’événements passés. C’est le récit de nos origines, de nos luttes, de nos victoires et de nos échecs. Elle crée une mémoire collective qui permet à chacun de se sentir membre d’une même communauté.
La culture, quant à elle, est la manière dont cette histoire prend vie, à travers notre langue, nos traditions, nos arts, notre cuisine, nos fêtes, nos croyances et nos savoir-faire.
Malheureusement, les cultures occidentales et arabes (à distinguer des religions) éclipsent souvent notre propre héritage. Beaucoup de Guinéens semblent prêts à tout pour imiter ou ressembler aux Arabes ou aux Occidentaux. Ceux qui essaient de valoriser notre histoire et notre culture manquent non seulement de soutien, mais sont souvent ridiculisés ou perçus comme ‘’non modernes’’.
Mais tout n’est pas perdu. Certaines communautés continuent de résister. Je tiens à saluer ici la cérémonie culturelle Mamaya de Kankan. Cet événement n’est pas une initiative de l’État, mais le fruit d’un engagement citoyen porté par des membres de la communauté mandingue.
Aujourd’hui, la Mamaya fait la fierté de la Guinée et incite d’autres communautés à s’intéresser à leur propre passé pour valoriser leurs cultures.
Toutes les communautés guinéennes, des Mandingues au Fouta en passant par la Basse-Guinée et la Guinée forestière possèdent des histoires et des cultures riches qui méritent d’être mises en valeur. La culture est notre carte d’identité, c’est ce qui nous définit.
Aujourd’hui, lorsqu’on voit quelqu’un porter le bonnet Poutô à l’étranger, on le reconnaît immédiatement comme Guinéen.
Faisons attention : si nous ne valorisons pas notre patrimoine historique et culturelle, nous serons condamnés à devenir les esclaves de celles des autres. Ce travail n’est pas réservé exclusivement à l’État, même si sa volonté peut garantir plus de 50 % du résultat. C’est aussi notre responsabilité, à nous citoyens, de nous en occuper, à l’image de ceux qui protègent la cérémonie de la Mamaya et perpétuent la symbolique du bonnet Poutô.
Ibrahima Diallo-FNDC