Depuis l’exile, Abdoul Sacko, coordinateur du Forum des forces sociales de Guinée (FFSG), reste attentif à l’actualité en Guinée. Invité ce mardi 26 août 2025 chez RFI, le rescapé des sévices d’hommes encagoulés et armés qui ont fait irruption à son domicile une nuit de février dernier, a dénoncé la répression accrue visant les acteurs de la société civile sous le régime de transition.
Abordant la question des enlèvements répétés de militants, un sujet qui a refait surface depuis le dimanche dernier avec la sortie de Taliby Dabo, il a cité notamment Foniké Mengué, Billo Bah, Habib Marouane Camara, Saadou Nimaga, ainsi que d’autres anonymes en ce se faisant une idée de leur souffrance et celle de leurs proches :
«Honnêtement parlant, malgré la douleur dans ma chair, malgré le traumatisme que ma famille a vécu, quand je vois cet exemple sur mon cas, je me demande aujourd’hui si ceux qui détiennent nos camarades, je veux parler de Foniké Menguè, de Billo Bah, du journaliste Marouane, de Sadou Nimaga, un expert minier, et d’autres anonymes encore, ceux qui enlèvent et menacent, je me demande s’ils sont des pères de famille ? Est-ce que ces gens-là ont des mamans ? Est-ce qu’ils pensent à la douleur que les familles de ces civils vivent aujourd’hui ? », s’est-il interrogé.
Victime du régime militaire lui-même, Abdoul Sacko est aussi revenu sur sa mésaventure. « J’ai été enlevé à mon domicile le mercredi 19 février, par des hommes encagoulés. J’ai vu 6 personnes armés descendre de mon plafond qu’ils ont perforé. S’attaquer à ma famille. Brutalisé ma vielle maman, giflé ma petite fille, mon épouse et ma sœur avant de me ligoter les mais derrières et me jeter dans un véhicule pour trois destinations toujours au téléphone avec quelqu’un à qui ils disaient « nous avons le colis ».
C’est quelques heures après que M Sacko sera retrouvé par des paysans dans la préfecture de Forécariah, gisant dans un état critique, laissé pour mort après avoir été violemment battu. Cet épisode, souligne-t-il, illustre la gravité des pratiques en cours : « J’ai moi-même été victime de techniques de torture et de menaces de mort. Alors j’imagine dans quelles conditions se trouvent mes collègues. »
L’activiste appelle la communauté internationale à « conjuguer des efforts pour défendre la dignité humaine et le respect des lois ».
Interrogé sur les récentes déclarations de l’ancien député Taliby Dabo, aujourd’hui acquis à la cause du CNRD, qui a affirmé que Foniké Mengué et Billo Bah, étaient toujours en vie, Abdoul Sacko a accueilli la nouvelle avec joie même s’il reste sur ses gardes : « C’est déjà une bonne nouvelle d’apprendre qu’ils vivent. Mais il s’agit aussi d’une piste sérieuse qu’il ne faut pas négliger, car elle émane d’une personnalité qui pourrait avoir accès aux secrets des autorités. »
Décryptage Daouda Mohamed