Plus rien, en tout cas pour le moment ne semble porter ombrage à la tenue du scrutin référendaire le 21 septembre 2025 où les guinéens voteront “OUI” ou “NON” à la nouvelle Constitution. En prélude à l’ouverture de la campagne prévue le 31 août 2025 sur toute l’étendue du territoire national, la Haute Autorité de la Communication a eu ce mercredi des échanges fructueux avec les hommes de médias, considérés comme l’autre maillon fort du processus. La particularité de ce scrutin, plusieurs partis politiques non des moindres sont exclus de la course. D’où l’importance pour le régulateur de rappeler les règles du jeu.
Une épée de Damoclès à peine voilée sur la tête des journalistes principalement de la presse privée. « Quand un parti est interdit ou suspendu, vous n’avez pas le droit de lui donner la parole pendant la campagne. Parce qu’il est interdit. Si vous le faites, c’est une infraction, même s’ils doivent payer. Vous avez le droit de donner la parole aux individus en tant que citoyens, mais pas en tant que structure. Là, il faut faire attention. Si vous donnez la parole aux partis qui sont interdits, ça ne sera pas la HAC qui va vous attaquer, c’est le MATD qui va vous attaquer. Il a interdit et vous donnez la parole à ceux qui sont interdits. Pendant la période de campagne, il faut être très prudent »
Selon le président de la HAC, pas grands soucis à se faire pour ce qui est la ligne pour les médias d’Etat. Pour Boubacar Yacine Diallo, le principe est déjà connu et surveillé par l’organe de régulation.
« Pour les médias de service public, ce n’est pas nouveau. Il y aura une émission de campagne qui pourra intégrer toutes les tendances (OUI et NON, ndlr), tous les intervenants, sous le contrôle, bien sûr, de la Haute Autorité de la Communication. Pour le journal Horoyah, il y aura des espaces qui seront dégagés. Pour l’Agence de presse, il en va de même. En ce qui concerne la presse privée, elle restera ouverte. Mais, évidemment, il y aura des interdits qui figureront dans la décision. Et déjà, la première condition, c’est qu’il faut offrir un accès équitable entre les tendances. Pour la presse privée, pour tous bords confondus. Donc, dans la décision, on ne fera pas mention de restrictions sur le plan de la couverture médiatique de la campagne, selon vos possibilités », a-t-il rappelé sans difficulté.
L’autre mise en garde faite par le président de la HAC, Boubacar Yacine Diallo, c’est autour de la conduite des émissions interactives pendant cette campagne. « Pour ceux qui font des émissions interactives, cela a été décidé à Kindia, les sujets concernant la campagne ne peuvent pas être abordés dans ce format…. Si vous enfreignez cette règle, vous aurez à faire au procureur de la République. »
Une alternative ? « Vous pouvez organiser des émissions interactives sur des thèmes comme la santé, l’environnement ou l’éducation. Mais lorsqu’il s’agit de sujets directement liés à la campagne, c’est interdit. Parce que, moi, ce n’est qu’en Guinée que je vois, dans des émissions interactives, un citoyen parler au nom d’un parti politique », a-t-il conclu.
Entre les commissaires de la HAC et les hommes de médias, les échanges étaient sans restriction. Occasion pour le président de l’Union des Radiodiffusions et Télévisions Libres de Guinée (URTELGUI), de rappeler la responsabilité sociale du journaliste :
« L’appel que je lance donc aux responsables de médias, c’est de faire en sorte de respecter les limites de la loi concernant l’exercice du métier de journaliste dans notre pays, et exceptionnellement les mesures exceptionnelles – pour éviter le pléonasme – qui seront prises par la Haute Autorité de la Communication au sortir de cette rencontre. Il faudrait que ces mesures soient acceptées, parce que nous sommes dans une période exceptionnelle, à un moment exceptionnel, et dans une élection exceptionnelle, qui est l’élection référendaire. Donc, ces trois exceptions doivent amener ou interpeller chaque acteur du monde des médias à sa responsabilité sociale et à sa responsabilité sociétale », a prêché le président de l’URTELGUI.
Moussa SIDIBE