Comme annoncé, le ministre porte-parole du gouvernement était face à la presse ce lundi 1er septembre 2025. A la faveur d’une conférence de presse tenue au siège du porte-parolat du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, s’est exprimé sur la crise de liquidité à laquelle la Guinée face actuellement. Selon le ministre des transports, cette crise n’est pas symptomatique d’une défaillance économique, mais plutôt d’un comportement généralisé de thésaurisation qui freine la circulation monétaire.
« La crise de liquidité que nous connaissons aujourd’hui n’est pas une crise économique, mais une crise de confiance et de comportement », a-t-il entamé. Et de poursuivre : « Quand chacun garde son argent chez lui au lieu de le déposer en banque ou de l’utiliser dans les circuits formels, la monnaie ne circule plus. Et quand l’argent ne circule pas, il donne l’impression qu’il n’existe plus. Ça veut dire qu’on a plus d’argent gardé dans nos portefeuilles, dans nos coffres ou à domicile, qu’on en a dans les banques. Lorsque chacun d’entre nous prend son argent et le garde à la maison au lieu de le déposer à la banque, forcément, s’il ne dépense pas, l’argent ne circule pas. C’est cela, la crise de liquidité », a expliqué Ousmane Gaoual Diallo.
A en croire le ministre, le fait pour les citoyens de garder leur argent par devers eux, s’explique par plusieurs facteurs notamment, la méfiance envers les institutions financières, les frais bancaires jugés dissuasifs, et la crainte d’un contrôle fiscal renforcé grâce à la digitalisation croissante de l’administration.
Pour palier cette situation, le gouvernement opte une réforme structurelle des habitudes de paiement. En vue de réduire progressivement l’usage du cash au profit des moyens de paiements électroniques.
« Notre ambition est de développer les paiements numériques, comme cela se fait dans les économies modernes. Moins de billets en circulation, c’est aussi moins de risque de crise de liquidité », a souligné le ministre.
Une alternative certes, mais il reste tout de même conscient de ses limites dans certaines circonstances notamment dans les petits marchés. « … C’est vrai, quand vous allez au marché, aujourd’hui, c’est plus simple de payer les condiments avec des billets de banque qu’avec Orange Money ou d’autres moyens de paiement numériques; il est plus facile d’acheter des condiments avec des billets qu’avec Orange Money ».
Ce n’est pas tout : « Beaucoup préfèrent gérer leurs dettes en main propre, plutôt que de risquer des ponctions directes de leurs comptes par l’État ou d’autres créanciers. Lorsque vous devez de l’argent à l’État, on va directement prélever sur le compte. Certains ne comprennent pas que c’est normal et que cela se passe ainsi partout. Ils s’inquiètent, pensant que l’accès à leur argent devrait être exclusivement sous leur autorisation. Pourtant, le tiers détenteur est un mécanisme légal qui permet à l’État de récupérer ses créances fiscales », a-t-il ajouté.
Une méfiance, bien que compréhensible selon le ministre, « freine l’évolution du système économique et contribue à aggraver la crise actuelle ».
Face à la pénurie, plusieurs options s’offrent pourtant, notamment l’impression de nouveaux billets de banque. Une thèse qui ne semble pas être la bonne. « On ne va pas importer plus de billets juste pour les voir à nouveau thésaurisés. Ce serait inutile. La création monétaire doit correspondre à l’usure naturelle des billets et aux besoins réels de l’économie… Si vous amenez de nouveaux billets, les gens peuvent toujours les retirer et les stocker chez eux. La crise va continuer. Les billets doivent être importés en fonction des besoins d’usure et du fonctionnement normal de l’économie », a-t-il insisté.
Et d’insister: « Lorsque l’État n’a pas d’argent mais doit faire face à ses engagements, il peut être tenté d’en créer. Or, payer avec de l’argent qu’on ne possède pas augmente la masse monétaire, affaiblit la valeur du billet, provoque l’inflation et entraîne la perte du pouvoir d’achat »
Pour des efforts collectifs, le ministre porte-parole du gouvernement invite les citoyens à la compréhension collective, à la confiance dans les institutions financières et à l’adoption des paiements numériques.
Moussa SIDIBE