« Pour avoir été moi-même victime d’enlèvement, je ne peux qu’apporter mon soutien à Babila et lui témoigner toute ma solidarité, suite au kidnapping de son père.
Je constate curieusement le même modus operandi que dans mon cas : des gens qui tournent autour de votre domicile et/ou de votre lieu de travail , ils prennent des renseignements sur vous dans le voisinage, avant de passer à l’action. Et ils font tout pour ne pas être identifiés. Une fois qu’on est à leur merci, on n’entend que des voix, on ne voit aucun visage, on ne connaît pas leur nombre exact et gare à celui qui tente de les dévisager.

Il est pour le moins curieux que l’enlèvement du père de Babila survienne quelques jours seulement après l’adoption et la promulgation d’une nouvelle constitution. C’est la preuve encore une fois que la reconnaissance des droits et libertés dans une norme juridique, y compris la normale suprême qu’est la constitution, est une chose, leur respect en est une autre.
Je suis convaincu que des parents, des amis et d’autres personnes pourraient m’appeler, après avoir lu ce post, pour me demander de faire attention, d’être prudent. Mais lorsqu’on a été une victime directe d’actes lâches et barbares, il n’est pas facile de s’en rendre uniquement à la volonté de Dieu. On éprouve naturellement une soif de justice. Surtout quand on est sûr de n’avoir rien fait pour subir ces actes.
En tout état de cause, la seule et unique forme de prudence que l’on pourrait observer face à une telle situation et dans le contexte actuel, serait sans doute de la boucler à jamais.
C’est justement ce que veulent certains.
En fin de compte, on va essayer de la boucler le temps que le phénomène des enlèvements suivis de tortures concerne directement ou indirectement un plus grand nombre de citoyens. Même on ne le souhaite vraiment pas. Mais ce serait l’occasion d’une prise en compte effective de la dangerosité de la situation. »
Maitre Mohamed Traoré