Acculées par la congestion persistante et préoccupante du Port autonome de Conakry (PAC), les autorités portuaires et leurs partenaires stratégiques multiplient les actions pour venir à bout de cette situation. A la faveur d’une conférence de presse ce mercredi 29 octobre 2025, elles ont annoncé la mise en œuvre d’un plan d’urgence national pour désengorger les installations portuaires. Cette initiative, résultat d’une série de réunions de crisse, vise à restaurer la fluidité du trafic portuaire et à garantir la continuité des opérations logistiques essentielles au pays.
Devant les partenaires, le Directeur général du Port autonome de Conakry, Mamadou Biro Diallo, a expliqué que plusieurs facteurs concourent à cette situation, notamment la croissance rapide de l’économie nationale, l’élargissement du réseau d’infrastructures routières, ainsi que la forte demande en importations.
« Le port de Conakry ne ravitaille plus seulement la capitale, mais dessert désormais tout le pays et les nations voisines. Nos cadences ont augmenté d’environ 30 %. C’est une évolution positive, mais cela a aussi mis à rude épreuve nos capacités logistiques », a-t-il indiqué.
A l’en croire, la saison des pluies a également un effet sur ralentissement des opérations, notamment dans le processus de déchargement de produits sensibles à l’humidité tels que le riz, le sucre ou le clinker. « Pendant les pluies, on doit souvent interrompre les opérations, ce qui crée un retard cumulatif. Mais avec l’appui du gouvernement et de la communauté portuaire, nous avons mis en place un plan solide qui produira des effets visibles dès la fin de cette semaine », a-t-il rassuré.
Pour faire face à l’accumulation des conteneurs, plusieurs zones de stockage temporaires ont été ouvertes comme :
- Camayenne : 4 hectares déjà opérationnels depuis le 24 octobre ;
- Kidal : 2 hectares destinés à la réception et au tri des conteneurs vides ;
- Blue Zone : 5 000 m² mobilisés en appui logistique.
Ces aménagements visent à désengorger les aires internes du port et à fluidifier la circulation des camions.
Ainsi, des mesures fortes sont annoncées pour accélérer les opérations. Le plan d’urgence comprend plusieurs actions, à savoir :
- Évacuation programmée de 7 194 conteneurs vides avec l’appui des compagnies maritimes ;
- Priorité donnée aux importations essentielles pour l’approvisionnement du marché national ;
- Renforcement des équipes et de la sécurité pour des opérations 24h/24 ;
- Communication continue avec les opérateurs économiques via une cellule de crise conjointe PAC-Douane-Communauté portuaire.
- Le Directeur général de Conakry Terminal, Emmanuel Masson, a détaillé les efforts techniques déployés. « Nous avons installé un troisième portique qui a augmenté de 50 % la capacité du quai, et une nouvelle grue est opérationnelle depuis octobre. Un dépôt de conteneurs vides a été ouvert à Kidal et un yard temporaire à Camayenne. Résultat : six navires ont accosté en six jours, contre trois ou quatre habituellement.»
- Masson a également annoncé un programme d’investissement majeur pour doubler la capacité du terminal conteneur d’ici deux ans, grâce à la construction de nouveaux quais et aires logistiques.

Pour sa part, le Directeur général adjoint d’Alport Conakry, a souligné une hausse de 35 % du trafic de navires au terminal conventionnel. « Nous avons fixé des cadences minimales – 15 000 tonnes/jour pour le clinker, 5 000 pour le blé, 3 000 pour le riz – et entrepris la construction d’entrepôts d’urgence pour porter la capacité de stockage à 80 000 tonnes », a précisé Ousmane Savané.
Un nouveau quai de 500 mètres linéaires sera achevé dans un an, et un second dans deux ans, ce qui devrait augmenter la capacité totale du port de plus de 100 %.
Les premiers effets positifs sont déjà observés, selon la Direction générale du Port qui note une amélioration de la fluidité maritime, une réduction des délais d’attente et une augmentation des cadences de déchargement.
« Cette congestion est aussi le reflet de la vitalité de notre économie. Nous devons travailler ensemble pour que le port de Conakry demeure le cœur battant du commerce guinéen », a invité Mamadou Biro Diallo, Directeur général du PAC.
Daouda Mohamed












