« Un pied dedans, un pied dehors, c’est dehors », assènent certains.
« On ne peut avancer masqué », préviennent d’autres.
Au fur et à mesure qu’on avance dans le temps, surtout avec les autorités actuelles, il faut afficher ses positions. Même derrière des agendas cachés, chacun commence à se déterminer, bon gré, mal gré. Ceux qui voulaient manger avec le régime tout en continuant à se réclamer de partis opposés à lui ne peuvent plus tenir dans ce grand écart. Assis entre deux chaises, ils prétendaient défendre les intérêts des uns et servir la cause des autres.
Maintenant, ils sont obligés de sortir du double jeu et des ambiguïtés. Ils ont fait le choix, peut-être forcé, de soutenir le général Mamadi Doumbouya pour l’aider à se maintenir au pouvoir, car eux-mêmes s’étaient imaginés un moment « khalifes à la place du khalife ».
Déboutés et obsédés par la survie, car le spectre d’un remue-ménage plane au-dessus de toutes les têtes, ils disent avoir compris qu’il ne faut pas perdre son temps et son énergie à promouvoir un idéal de liberté et de justice, mais user de tous les moyens pour assouvir leurs ambitions immédiates et atteindre leurs objectifs personnels. En clair, la fin justifierait les moyens.
Comme s’ils se doutaient que leur engagement ne convainc pas ni ne rassure, ils multiplient les déclarations et les prises de position passionnées. Chaque jour annonce la création d’un mouvement, d’une coalition, d’une union, afin de démontrer leur fidélité et leur dévouement. Pourquoi tant de bruit et d’agitation dans la cité sans résultats probants ni échos significatifs ?
Tous ceux qui donnent aujourd’hui l’impression d’être des piliers du système et indispensables au général Mamadi Doumbouya n’ont pas contribué à son avènement au pouvoir. Ce ne sera certainement pas grâce à eux qu’il parviendra à relever le défi de prolonger sa présidence face à un peuple qui n’a pas encore dit son dernier mot et demeure majoritairement acquis à ses adversaires et concurrents.
Comme le roseau, l’UFDG plie mais ne rompt pas. Comme le sphinx, le président du parti, El Hadj Cellou Dalein Diallo, renaît toujours de ses cendres. Chacun sait qu’il n’y a que deux camps : d’un côté, le CNRD ; de l’autre, la classe politique bannie.
Entre les deux, un peuple qui aura l’occasion de s’exprimer et de défendre sa souveraineté menacée, et aussi des personnes qui, aussitôt qu’elles seront débarquées de leurs postes et fonctions, retourneront la veste. Alors chacun se rendra compte que leurs décrets de nomination étaient l’unique base de leurs « convictions » et la seule raison de leur zèle et de leur fidélité clamée.
On sait de quel côté se trouvent les hommes d’honneur et de conviction, et où ont migré les girouettes. On sait aussi où se sont donné rendez-vous tous ceux qui prêchent pour leur chapelle et ont choisi de se renier afin de trouver le pain quotidien.
On se connaît dans ce pays.
Souleymane SOUZA KONATÉ














