Alors qu’hier encore, ils acclamaient avec ferveur ses prises de position tranchées…
Alors qu’ils l’encourageaient à persévérer dans un combat qu’il croyait juste…
Alors qu’il avait tant besoin de soutien, de pensées et de prières pour être retrouvé sain et sauf…
Alors que sa femme, enceinte et presque à terme, était brusquement réveillée en pleine nuit pour conduire leur tout-petit aux urgences, en situation critique…
Alors qu’au sein de leurs familles respectives, politiciens, militants et journalistes préparent sans remords la fête des amoureux pour le 14 février prochain…,
le journaliste Habib Marouane Camara reste isolé, porté disparu et abandonné par ceux-là mêmes qui, hier, encensaient son courage et l’incitaient à aller toujours plus loin.
Voilà la cruelle réalité de l’ingratitude humaine. Voilà le sort réservé à ceux qui ont osé prendre position, à ceux qui ont cru en une cause, sans jamais imaginer qu’un jour, ils se retrouveraient seuls, effacés des mémoires comme une page tournée trop vite.
Pensons toujours à nos familles, à ce qu’elles deviendront lorsque nous ne serons plus là pour nous occuper d’elles, pour les protéger. Car si, pour certains, la parenthèse Habib Marouane Camara est déjà fermée, pour son épouse et ses enfants, c’est une nouvelle page qui s’ouvre : celle de l’épreuve, de l’abandon et de la dure vérité sur la nature humaine.
Force à la famille Marouane Camara. Et en cette semaine qui précède la Saint-Valentin, qu’elle s’accroche à l’amour, la seule force capable de tout transcender.
Car l’amour, paradoxalement, est à la fois l’élément déclencheur des plus grandes guerres et la pierre angulaire des paix durables. Il enflamme les cœurs, fait tomber des empires et en érige de nouveaux. À travers l’histoire, il a été le brasier des conflits, mais aussi le baume des réconciliations.
Si l’amour peut semer le chaos, il demeure aussi le seul véritable artisan d’une paix sincère et durable.
Abdoulaye SANKARA, Journaliste