Parfois, il suffit d’un homme pour incarner toutes les failles d’un système. Aboubacar Dinah Sampil aura été cet homme pour le football guinéen. À défaut d’avoir marqué l’histoire par ses réformes, il l’aura fait par son immobilisme. Un capitaine sans boussole, à la tête d’un navire déjà fissuré.
L’espoir, pourtant, avait pointé à son élection. On voulait y croire. Un souffle neuf ? Il n’est jamais venu. À la place, un air vicié, déjà connu : celui des promesses non tenues, des projets fantômes, des décisions prises à la volée, sans cohérence ni cap. Très vite, le masque est tombé. Pas de vision, pas d’élan, pas même un semblant d’ambition.
Le terrain, cruel miroir des coulisses, n’a rien pardonné. Échecs, contre-performances, éliminations en série… Les sélections nationales ont payé, cash. Et le public avec. Car ces résultats, ce ne sont pas des accidents. Ce sont les conséquences directes d’une gouvernance approximative, opaque, personnelle.
Sampil ? Il a dirigé au feeling. Au gré des affinités, des intérêts, des deals. Pas au nom du football, encore moins pour l’intérêt général. Il n’était pas ce lion rugissant qu’on nous avait promis, mais une caricature de chef : autoritaire sans autorité, bruyant sans consistance.
Le Comité exécutif a fini par trancher. Révocation. Une décision rare, grave, mais nécessaire. L’homme aurait pu partir avec panache. Il a préféré le bras de fer. Les coulisses plutôt que le consensus. L’obstination plutôt que le recul. L’orgueil, toujours.
Le football guinéen, lui, attend toujours un vrai projet. Une vision. Une équipe. Pas de ceux qui veulent s’approprier l’institution comme un bien personnel, mais de ceux qui savent ce qu’“intérêt collectif” veut dire.
Alors oui, il est temps. Temps de tourner la page. Sans fracas, peut-être. Mais avec fermeté. Et avec l’exigence d’un renouveau réel, cette fois.
Lancinè Marcus DIOUBATE, Journaliste