Même si l’argent ne répare pas fondamentalement les préjudices, c’est au moins une étape majeure de franchie dans la dynamique d’indemnisation des victimes du massacre du 28 septembre 2009. En application du décret du président de la transition qui a annoncé la prise en charge entière par l’Etat guinéen, des indemnités pour ces personnes profondément blessées dans l’âme, l’opération a effectivement démarré ce mardi.
Il s’agit au total d’une enveloppe de plus de 119 milliards de francs guinéens destinée à plus de 600 personnes victimes directe de violences sexuelles, des atteintes physiques ou des préjudices matériels.
La cérémonie de démarrage du processus qui s’est tenue dans la salle historique qui a abrité le procès desdits évènements, a mobilisé autours des autorités, plusieurs victimes ou leurs ayants droit.
Pour le garde des Sceaux, ministre de la justice et des droits de l’homme, Yaya Kairaba Kaba, cet instant est « un moment historique de réparation et de reconnaissance, qui traduit la volonté des autorités de transition de tourner la page de l’impunité et de rendre justice aux centaines de victimes de cette répression sanglante ».
« Il ne s’agit pas uniquement d’un geste financier, mais d’un acte de reconnaissance et de solidarité nationale envers les victimes d’un drame qui a profondément marqué notre conscience collective. Le Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, s’est personnellement engagé pour que justice soit rendue et que réparation soit faite », a-t-il déclaré.
Le montant global de 119 123 815 000 francs guinéens sera réparti en plusieurs tranches, selon des critères définis par une commission spéciale qui a travaillé avec les organisations de victimes, les avocats et les services du ministère de la Justice.
Mais qui sont les véritables bénéficiaires de cette indemnisation ?
Selon M. Abdoulaye Barry, président de la commission d’indemnisation, les victimes sont réparties en groupes, en tenant compte des infractions subies. Il s’agit :
• Des femmes victimes de viol,
• Des personnes victimes disparues ou mortes,
• Des personnes victimes de coups et blessures, et
• Des personnes victimes de pillages de biens.
La commission d’indemnisation est chargée de la vérification de la liste nominative des victimes reconnues par le tribunal suivant le type d’infraction et le seuil de l’indemnité accordé par infraction. Elle est chargée en outre, de procéder à l’identification physique des victimes reconnues dans le dispositif du jugement criminel 019 du 31 juillet 2024 du tribunal de première instance de Dixinn.
Pour des victimes « C’est un pas important. Mais au-delà de l’argent, nous avons besoin de reconnaissance, de dignité, et que plus jamais un tel drame ne se reproduise dans notre pays », a plaidé une d’entre-elles. Et une autre d’enchainer « De l’ouverture du procès jusqu’au verdict, cela nous a beaucoup plu. Ce magnifique geste du gouvernement nous va droit au cœur. Aujourd’hui, c’est une fierté pour les victimes du 28 septembre d’être bénéficiaire de ce geste. Je remercie le gouvernement du général Mamadi Doumbouya. Je remercie monsieur Charles Wright qui a commencé ce travail et monsieur le ministre Yaya Khairaba Kaba, qui a aussi poursuivi. Je remercie nos avocats et l’Avipa aussi infiniment. Nous avons fait le combat depuis 15 ans.
Après 15 ans d’attente, c’est en septembre 2022, un an après le putsch perpétré par le CNRD, que le procès a pu s’ouvrir et aboutir à la condamnation des têtes d’affiche du CNDD suite à la requalification des faits en crime contre l’humanité.
Moussa SIDIBE