Décidément, la crise de liquidités qui étrangle l’économie guinéenne requiert plus d’une solution. En tout cas, le moins qu’on dire est que le premier ministre ne partage pas les approches récemment déclinées par le gouverneur de la Banque centrale, Karamo Kaba. Ce samedi 16 août, au cours d’un entretien accordé au journal Le Punch, Amadou Oury Bah a remis en cause l’option de l’injection des fonds dans le circuit financier que préconisait au début du mois de juillet dernier, le Gouverneur de la Banque. Cette solution, aux yeux du chef du gouvernement, n’est pas viable sur la durée.
L’injection de billets de banque dans le circuit économique en vue de résorber la crise de liquidités qui s’est désormais étendue au secteur de la monnaie électronique, apparait aux yeux du premier ministre, comme une solution conjoncturelle. En tout cas, elle n’est pas de nature à résoudre la crise sur la durée. « La question n’est pas encore d’imprimer des billets de banque pour permettre de satisfaire la demande. Maintenant, si vous imprimez, vous mettez en circulation une monnaie fiduciaire de plus en plus importante. Mais si les circuits financiers et bancaires ne fonctionnent pas, si nous ne collectons pas ces ressources au niveau des banques pour qu’en termes de ressources, chaque banque puisse avoir de manière suffisante, il va de soi que la crise ne sera pas réglée », a dit le premier ministre. Avant d’enfoncer : « C’est comme si à chaque fois, vous serez obligé encore d’imprimer, d’imprimer. Ce n’est pas du tout, à la longue, soutenable ».
Pour le chef du gouvernement, pour une résolution pérenne de la crise, il faut agir sur des facteurs structurels permettant de ramener la confiance dans le système financier et bancaire, de manière à ce que les acteurs économiques, de nouveau rassurés, puissent en toute sérénité, ramener dans le circuit bancaire les fonds qu’ils gardent désormais par devers eux. Il propose aussi qu’on aille de plus en plus vers des moyens de paiement plus modernisés, de façon à ce que tout le monde ne soit pas aussi dépendant du cash. « Ce qu’il faut, c’est de moderniser les moyens de paiement, qu’on n’ait pas besoin de cash de plus en plus. (…) Si de part et d’autre, les opérateurs font un travail de formation et de sensibilisation, vous n’avez pas besoin d’avoir du cash pour faire vos transactions. D’une opération à une autre, vous pouvez passer votre avoir via un transfert pour régler une opération et ainsi de suite. Donc, sans que le cash puisse être utilisé. C’est une approche nouvelle, ça nécessite une explication et une sensibilisation pour que nos approches traditionnelles, de ce point de vue, évoluent », a-t-il indiqué.
Encore qu’il n’est pas facile de faire le choix entre des solutions qui ne résorberaient la crise que pour un certain temps et celles qui ne la résorberait tout de suite.
Le Punch