On le dit souvent : avec certains amis, nul besoin d’ennemis.
Le Général Sékouba Konaté en est une parfaite illustration. Il prétend soutenir le Général Mamadi Doumbouya, mais ses propres déclarations prouvent le contraire. Son soutien est ambigu, et ses propos causent plus de tort qu’ils n’apportent de bénéfices, à lui comme au régime qu’il dit défendre.
Le Chef de la transition se félicite d’avoir conduit le procès du 28 septembre, qu’il présente comme un acte héroïque et un acquis historique. Il justifie la grâce présidentielle accordée au Capitaine Moussa Dadis Camara comme un geste de réconciliation nationale et d’apaisement social.
Mais Sékouba Konaté, lui, y voit une simple mise en scène. Il n’ose pas contredire ouvertement le Général Mamadi Doumbouya, mais ses propos traduisent une profonde désapprobation. Selon lui, « la grâce n’est pas mauvaise », tout en affirmant qu’il faudrait reprendre le procès qu’il qualifie de déni de justice, pour que la CPI rende un « meilleur jugement » condamnant Dadis Camara et d’autres accusés.
En tenant de tels propos, l’ancien président de la transition de 2010 remet en cause la légitimité du verdict rendu par les magistrats guinéens. Aveuglé par la haine et les rancunes personnelles, il ne se rend pas compte qu’il discrédite le Général Mamadi Doumbouya et un régime pourtant bienveillant à son égard.
Rappelons que le Général Mamadi Doumbouya avait réussi à réconcilier les deux anciens frères d’armes, Sékouba Konaté et Moussa Dadis Camara, au Palais Mohammed V. Sous les caméras, l’opinion publique et l’histoire avaient été témoins d’un pacte de paix solennel. Les deux hommes s’étaient engagés à tourner la page de leurs querelles et à ne plus se combattre.
Mais le « tigre en papier » n’aura tenu parole que quelques heures. À peine sorti du palais, Sékouba Konaté a repris sa guerre contre son ancien supérieur, compagnon du coup d’État de décembre 2008. Dans sa dernière sortie, véritable acte manqué, il a juré de poursuivre cette guerre sans fin, désavouant ainsi le Général Mamadi Doumbouya qui avait pourtant réussi à leur arracher un cessez-le-feu symbolique.
Aujourd’hui, alors que la candidature du Général Mamadi Doumbouya à la présidentielle du 28 décembre semble de plus en plus probable, bien que contestée et rejetée par la majorité des Guinéens, les propos récents de Sékouba Konaté résonnent comme une bombe politique. Ils ont fragilisé la position du chef de la junte et exposé son régime à une vague de critiques. Les partisans du Président de l’UFDG, injustement cités, tout comme les soutiens du Capitaine Moussa Dadis Camara, violemment pris à partie, s’en prennent désormais à Sékouba Konaté, conspué comme jamais auparavant.
Et comme cet officier en perte de repères se réclame du camp de Mamadi Doumbouya, le discrédit qu’il s’attire rejaillit directement sur son « ami », au moment le plus critique pour ce dernier.
On ne triche pas impunément avec la morale, l’histoire et la vérité.
Peut-être que le Général Sékouba Konaté, rongé par l’amertume et l’égoïsme, ne veut tout simplement pas tomber seul.
Souleymane SOUZA KONATÉ.