Le projet Simandou est pour la Guinée ce que le pétrole a été pour les pays du Golfe (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn) une ressource de transformation nationale. Ces pays, naguère désertiques et peu industrialisés, ont su bâtir leur puissance économique sur les recettes tirées du pétrole. Grâce aux pétrodollars, ils ont construit des infrastructures modernes, développé des services publics performants, et sont devenus de véritables pôles d’attraction mondiale en matière de tourisme, d’investissement et de technologie.
À l’image de cette réussite, la Guinée a aujourd’hui une occasion unique de tracer la voie de son émergence grâce au méga projet Simandou, le plus grand projet minier intégré du continent africain.
Avec un investissement de 20 milliards de dollars, 650 kilomètres de voies ferrées, et un port minéralier en eau profonde et polyvalent d’une capacité annuelle de 120 millions de tonnes, le Simandou symbolise la transformation structurelle tant attendue de l’économie guinéenne.
Ce projet, attendu depuis plus de 30 ans, n’est pas seulement une infrastructure minière : il est le socle d’un nouveau modèle de développement.
Il faut saluer le leadership du Président du Comité stratégique du projet Simandou, Ministre Directeur de cabinet de la Présidence de la République M DJIBA DIAKITÉ et la détermination de l’État guinéen à faire aboutir ce chantier.
Car soyons clairs : si la Guinée exploite Simandou sans se développer, elle aura manqué la plus grande opportunité de son histoire moderne.
Heureusement, les signaux sont encourageants : une hausse de 51,2 % du PIB, désormais évalué à 36,3 milliards USD, plaçant la Guinée devant le Sénégal et en deuxième position parmi les économies francophones d’Afrique de l’Ouest.
Les projections sont tout aussi prometteuses : 56,8 milliards USD de PIB à l’horizon 2030, 82 milliards USD d’ici 2035,
soit une progression spectaculaire de plus de 57 % en moins d’une décennie.
Le pays a récemment bénéficié d’une notation souveraine S&P-B+ lui permettant d’aller sur les marchés financiers internationaux au même titre que les grandes économies mondiales.
Le projet Simandou dépasse largement le cadre minier. Ses retombées se traduiront dans l’agriculture Industrie alimentaire et Commerce, Éducation et Culture, l’élevage, Infrastructures, Transports et Technologies, Économie, Finances et Assurance, et Santé et Bien-être.
On estime à plus de 110 000 les emplois directs et indirects créés tout au long du processus.
L’accès à l’électricité, à l’eau potable, aux routes et aux services sociaux de base dans les zones d’influence du projet constitue déjà une promesse de bien-être pour des milliers de familles guinéennes.
Par ailleurs, le développement du contenu local offrira aux entreprises nationales et aux jeunes entrepreneurs une place centrale dans la chaîne de valeur, stimulant ainsi le secteur privé local et l’économie rurale.
Le cadre légal et fiscal du projet, défini par le Code minier de 2011 révisé en 2013, offre à l’État guinéen d’importantes retombées : 15 % d’actionnariat public direct, les redevances minières, l’impôt sur les sociétés, la taxe d’extraction, la taxe à l’exportation.
Ces instruments fiscaux peuvent générer des centaines de millions de dollars chaque année, à condition que la transparence, la bonne gouvernance et la gestion rigoureuse soient au cœur du dispositif.
Le Simandou ne doit pas devenir une simple source de revenus, mais un levier de transformation durable en finançant l’industrialisation nationale, assurer la construction des raffineries locales pour créer plus de valeur ajoutée, soutenir l’éducation technique et la formation des jeunes et protéger l’environnement à travers le respect des normes écologiques strictes.
Le développement ne peut s’épanouir sans stabilité. La réussite du projet Simandou dépendra aussi de la paix sociale, de la stabilité institutionnelle.
Les élections présidentielles prévues le 28 décembre 2025 seront donc un moment charnière : elles doivent se dérouler dans la sérénité et le calme.
Si la Guinée réussit à allier stabilité politique, gouvernance minière exemplaire et vision économique long terme, rien ne pourra empêcher le pays de devenir le hub minier de l’Afrique, un modèle de renaissance économique africaine et une destination privilégiée des investisseurs internationaux.
Le projet Simandou n’est pas qu’un projet minier. C’est une ambition nationale et un symbole d’espoir.
À l’instar des pays du Golfe qui ont bâti leur modernité sur le pétrole, la Guinée doit bâtir la sienne sur le fer de Simandou en investissant non seulement dans le minerai, mais surtout dans les hommes et les femmes de ce pays.
Alpha BAYO












