Lors du 66ᵉ sommet de la CEDEAO, une institution visiblement vouée à une mort certaine, son président en exercice, Ahmed Bola Tinubu, a affirmé que la démocratie constitue le cadre politique et la voie privilégiée pour répondre aux besoins et aspirations fondamentaux des populations. Il a toutefois exhorté ses pairs à « réexaminer leur approche actuelle de la quête de l’ordre constitutionnel dans les quatre États membres », à savoir le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Guinée.
Cependant, Tinubu omet de préciser que les trois premiers pays cités ne sont plus membres de cette organisation sous-régionale, qu’ils ont quittée en réaction à ses ingérences répétées. Fait notable, cette déclaration intervient après la visite du président nigérian à Paris, où il est fort probable qu’il ait reçu des instructions précises avant de présider ce sommet ordinaire. Ces directives impliquent-elles un changement de paradigme dans la gestion des crises constitutionnelles ? Bola Tinubu suggère-t-il un abandon des ingérences dans les affaires internes de ces pays ? Ou encore, remet-il implicitement en cause le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie, désormais perçu comme caduc ou nécessitant une application plus prudente et diplomatique ?
Une telle interprétation pourrait être tirée de son discours. Après tout, l’application rigide et partiale de ce protocole est précisément à l’origine du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger, désormais regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), devenue récemment la Confédération des États du Sahel. Pour ces pays, peu importe le protocole, ils n’y sont plus assujettis.
Quant à la Guinée, encore membre de l’organisation bien qu’en période de transition, ses opposants regroupés au sein de l’alliance des « Forces vives » ne manqueront pas de scruter cette évolution. Ce changement de ton, s’il se confirme, pourrait en effet rebattre les cartes des relations entre ces politiciens de Conakry et la CEDEAO.
Dans tous les cas, une chose est claire : ce dimanche 15 décembre 2024, à Abuja, la messe de requiem de la CEDEAO a été dite dans les faits. Une organisation autrefois influente, désormais affaiblie par ses propres contradictions, s’enlise dans une spirale d’inefficacité et de désaveu. Cherchez Emmanuel Macron et Alassane DRAMANE Ouattara !
Abou Maco, Journaliste