Leguideinfo.net : Démarrée le week-end dernier à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia, l’ONG Femme, Développement et Droits Humains en Guinée poursuit sa série d’activités axée sur la sensibilisation sur les droits des femmes et filles surtout celles en politique. Après la conférence-débat, l’ONG F2DHG a enchaîne avec une table ronde jeudi à CNPG. La représentativité des femmes dans le milieu politique et dans les instances de prise de décision est une ambition de beaucoup de guinéennes. Mais entre la volonté exprimée, l’engagement personnel et les moyens pour y parvenir, il existe un océan qui se dresse. C’est justement pour briser ce plafond vert que cette structure s’engage auprès des femmes.
Pour la présidente de l’ONG F2DHG, « c’est d’impliquer plus de femmes dans la vie politique et de lutter contre les violences, les violences faites aux femmes dans les formations politiques. Nous savons que le plus souvent, il y a des barrières, des barrières socioculturelles qui empêchent les femmes d’occuper les responsabilités. L’objectif donc de ces activités là, c’est de faire en sorte que chacun puisse jouer sa partition, notamment les activistes de la société civile, des experts, mais aussi les organisations politiques, les formations politiques, entre autres. C’est pour cela qu’aujourd’hui, autour de la table ronde, vous aviez des experts notamment, des enseignants chercheurs. Vous aviez des activistes de la société civile, mais aussi vous aviez des femmes qui ont participé à la vie politique de certaines formations et qui ont partagé leur expérience. Comment elles y ont été, comment cela se passait ? Est-ce que leur voix comptait ? Et donc notre volonté est de faire en sorte que chacun puisse agir. Au niveau des formations politiques pour ne plus regarder la femme en tant que telle, mais qu’on regarde les compétences de la femme dans sa formation politique et c’est surtout lui permettre quelque peu de jouer sa partition dans une situation de crise, telle que dans une transition. Vous le savez, les transitions politiques sont souvent sources de violence, souvent source de crise et quand les femmes s’impliquent on peut pacifier les situations qui peuvent nous tomber dessus. Et c’est donc l’objectif visé par le fonds de consolidation de la paix qui a financé cette activité à travers l’appui technique de l’UNFPA qui, en lien avec le ministère de la promotion féminine et la direction nationale du genre, nous aides à faire en sorte que chaque voix puisse compter dans une nation. Chaque voix doit compter, la voix des femmes, la voix des hommes, la voix des jeunes et c’est ce que nous sommes en train de faire de façon pédagogique à travers des conférences à travers une table ronde », a décliné Moussa Yéro Bah.
D’autres activités du genre sont prévues pour consolider les acquis, poursuit la présidente de l’ONG F2DHG.
« Ensuite, il y aura une formation qui se fera. Dix (10) femmes vont être formées et qui vont relayer la sensibilisation au niveau de quartiers généraux, les assemblées générales des partis politiques mais aussi de différentes communes et ce sera ici à Conakry, à Coyah mais aussi à Dubréka. Que les gens sachent qu’on ne doit pas dormir sur nos lauriers. C’est vrai que le combat est ardu, mais il y a encore du chemin à faire pour que la voix des femmes puisse encore porter dans les différents postes de décision », explique la journaliste doublée d’activiste Moussa Yéro Bah, présidente de l’ONG F2DHG.
La femme en politique : un combat titanesque » souligne la professeure Kadiatou Lamarana Diallo
« Je suis agréablement surprise avec l’ONG (F2DHG) Ndlr, qui m’a invité ici parce que je sens qu’il y a une relève avec notre sœur Moussa Yéro Bah, qui se bat avec toutes les collègues et tous ceux qui ont adhéré, jeunes filles, jeunes femmes, tout le monde pour parler d’une problématique qu’on met dans le tiroir. La femme en politique. La femme, elle seule est une problématique, la politique en est une autre, donc femme en politique. Pour les deux, vous voyez mes enfants, quel combat titanesque nous devons entreprendre pour réussite ? Pourtant il y a eu des femmes premières ministres et il y a eu des femmes cheffes d’État ailleurs. Pourquoi pas dans cette République de Guinée où le nom du pays est Guinée (qui veut dire femme en langue soussou? », s’interroge celle qui a obtenu son doctorat à l’âge de 55 ans et le titre de professeure à 65 ans.
Le statut de la femme vu par Pre Kadiatou Lamarana Diallo :
« Le statut de la femme, l’éducation qu’elle doit avoir de la famille jusqu’à l’université, etc. Pour que le positionnement des filles soit vraiment respecté, tout le monde, que les 52 % de la population qui est féminine, ce n’est pas petit. Si ce pourcentage est éduqué, il va de mieux en mieux pour toute la société. Quand nous prenons les sociétés nordistes, la Norvège, la Hollande, la Suède et tout le reste, tout le monde est éduqué. Au Parlement vous avez 50 %, au gouvernement, vous avez 15 ministres femmes, 15 ministres hommes. La parité est appliquée mais c’est parce qu’elles ont été éduquées, enseignées et la société s’est donc retrouvée très haut. C’est ça l’objectif de l’éducation, ce n’est pas sorcier. Tout le monde est passé par là. Si nous devons arriver, nous pouvons passer par-là », tranche Pre Kadiatou Lamarana Diallo.
Si le niveau ne fait pas défaut, il y a le facteur temps qui bloque l’élan de certaines d’entre elles. La directrice nationale de recherche scientifique était à deux doigts de récolter le fruit de son combat, elle a raccroché au dernier sprint final.
Que dire de Fatoumata Sylla, celle qui a abandonné la politique pour se faire une place dans le monde scientifique ?
« À un moment donné j’étais à une instance, s’il faut le dire, de prise de décision dans un parti politique où j’étais vraiment dans une très bonne position. Après les élections, la plupart des membres, je dirais même tout ce qui était dans ce comité de réflexion. C’était une grande communauté de réflexion. J’ai été ministres, c’est-à-dire le dernier poste était celui de directeur général mais j’ai fait un choix. Les réunions commencent à partir de 19h après les bureaux. J’ai un bébé de 3 mois. Quitter le bureau, venir à la réunion ? Parce qu’il y a une question qu’il faut éviter vous êtes là, je suis là. Je dis bon je suis pressé faites vite. Quand on s’engage pour quelque chose, il faut l’assumer. Pour la première fois, j’ai fait une semaine, deux semaines avec le même rythme. Abandonner mon bébé de trois (3) mois dans la main d’autrui de 7h à 22h, donc j’ai fait mon choix. Je baisse les bras petit à petit. J’ai commencé à m’absenter petit à petit jusqu’à ce que j’aie abandonné la politique mais je n’ai pas abandonné de me battre. Je me suis dis vraiment est-ce qu’il faut réussir en faisant de la politique ? Est-ce qu’on peut avoir une autre voie pour réussir dans la vie sans faire de la politique ? Quand j’ai fait mon choix, j’ai abandonné la politique mais je ne me suis pas concentrée sur ma formation. Dieu merci aujourd’hui je suis Fatoumata Sylla, la directrice de la recherche scientifique au ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation de la République de Guinée », a-t-elle témoigné.
Les hommes qui militent dans les formations politiques tentent de défendre du mieux qu’ils peuvent. Ils admettent les difficultés énumérées. La solution est à portée de main, disent-ils.
Si un jour équilibre il y a dans la société, il faudrait que les hommes et les femmes combattent à armes égales, déclare Oumoul Khairy Diallo, la Directrice Exécutive du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée. Les femmes se font la guerre entre elles, fait remarquer la journaliste et écrivaine, Hassatou Lamarana Bah qui triomphe dans l’activisme.
En réunissant tous ces acteurs politique, Moussa Yéro Bah, présidente de l’ONG femme, développement des droits humains en Guinée, cherche sans doute à donner des outils infaillibles à la guinéenne pour lui permettre de s’affirmer et s’affranchir des préjugés.
Mamoudou Boulléré Diallo et Mamadou Sadio Baldé pour leguideinfo.net