La Banque mondiale et le ministère guinéen de l’Économie et des Finances ont organisé ce mardi à Conakry la deuxième édition de l’atelier de dissémination du Rapport de Suivi de la Situation Économique de la Guinée. Placée sous le thème « Mobilisation et gestion des ressources intérieures pour un développement inclusif et durable », la rencontre a réuni décideurs publics, experts économiques, bailleurs de fonds et représentants du secteur privé.
Le rapport prévoit une croissance économique soutenue : 5,7 % en 2024, 6,5 % en 2025, et une moyenne de 10 % entre 2026 et 2027, principalement portée par le secteur minier et l’exploitation à venir du gisement de Simandou. Toutefois, plus de la moitié de la population guinéenne vit encore sous le seuil de pauvreté, faute de développement des secteurs hors mines.
Dans ce contexte, l’intervention d’Ahmed Kanté, ancien ministre des Mines et représentant de la CGE-Gui, a marqué les échanges. Il a dénoncé le faible impact local de la croissance minière et insisté sur la nécessité d’une transformation structurelle de l’économie.
Il a rappelé que la loi impose aux entreprises minières de réserver 40 % des investissements aux sociétés locales. Pour lui, cette exigence reste largement inapplicable en l’absence de régulation ferme et de mécanismes de suivi transparents. Il propose une montée progressive vers cet objectif, avec une tolérance initiale, mais une obligation d’atteindre ce seuil dans un délai de cinq ans, sous peine de sanctions.
Ahmed Kanté a également insisté sur le rôle des trois parties prenantes : l’État, garant de la réglementation ; les investisseurs, responsables de l’intégration du contenu local ; et la CGE-Gui, représentante du secteur privé. Il a exhorté les partenaires techniques et les sociétés minières à participer activement à la montée en compétence des entreprises locales.
Selon lui, une politique de contenu local crédible repose sur une volonté politique claire et une application stricte des règles existantes. Sans cela, la croissance minière restera déconnectée des enjeux sociaux et économiques du pays.
Cette rencontre a rappelé qu’aucune croissance ne peut être qualifiée d’inclusive si elle ne repose pas sur l’implication du tissu économique national. Le défi demeure dans l’exécution efficace des engagements pris.
Aïcha Konaté