La Chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) a entendu ce mercredi 05 mars 2024, les inspecteurs ayant établi le rapport qui a conduit aux poursuites contre Ibrahima Kourouma, ancien ministre de l’Éducation, et Mohamed V Sankhon, ancien directeur administratif et financier (DAF) sous le régime d’Alpha Condé. Dix inspecteurs étaient convoqués, mais seul Kaba Sano, inspecteur général de l’État, a pris la parole pour expliquer les méthodes utilisées.
Kaba Sano a rappelé que les inspecteurs avaient reçu un mandat du juge d’instruction pour vérifier les dépenses publiques dans le secteur de l’éducation entre 2011 et 2014. « Nous avions déjà en main un fichier détaillant toutes les dépenses effectuées durant cette période, notamment pour les rentrées scolaires, les examens et les infrastructures. Nous avons confronté ces dépenses aux pièces justificatives fournies par le DAF du ministère », a-t-il expliqué.
Cependant, malgré ces vérifications, les inspecteurs ont constaté d’importantes irrégularités. « Nous avons identifié des dépenses sans pièces justificatives, malgré nos demandes répétées au DAF. Le montant total de ces dépenses non justifiées s’élève à 225 942 680 283 francs guinéens », a révélé Kaba Sano.
Ce montant astronomique se décompose en trois catégories principales :
* Les dépenses liées aux examens : 49 108 457 349 francs.
* Les dépenses liées à la rentrée scolaire : 112 977 962 360 francs.
* Les dépenses liées aux constructions et rénovations : 60 856 360 544 francs.
« Ces trois montants cumulés représentent la somme non justifiée que nous avons identifiée », a précisé l’inspecteur général.
Kaba Sanoh a également identifié les personnes ayant géré ces fonds durant la période concernée. Parmi elles, figurent Ibrahima Kourouma, alors ministre de l’Éducation, considéré comme l’ordonnateur principal.
Amadou Diallo, directeur national du service des examens et contrôles scolaires,
Ibrahima Cissé, directeur national du service des infrastructures et équipements scolaires, N’Fali Mara, chef de la division des affaires financières (DAF).
« Nous avons demandé à ces quatre personnes de justifier ces montants, mais nous n’avons pas obtenu de réponses satisfaisantes », a déclaré Kaba Sano.
L’audience a également abordé le cas de Mohamed V Sankhon, visé pour des irrégularités financières en 2021. « On lui a demandé d’expliquer une somme de 53 milliards 201 millions 357 francs, gérée conjointement avec le ministre Alpha Amadou Bano et Mme Fatoumata Binta Diallo. De plus, M. Sankhon a géré trois régies financières non justifiées, représentant un montant total de 14 milliards 984 millions 950 mille francs guinéens », a expliqué Kaba Sano.
Cette autre déclaration de l’inspection général du travail vient ouvrir un bréviaire pour le parquet spécial de la CRIEF. Libre au ministère public d’engager ou non une poursuite judiciaire contre les noms cités dans l’exercice 2011 à 2021. Pendant ce temps l’audience est renvoyée au 12 mars pour la suite des débats
MJD