Alors que l’opinion continue de s’interroger sur la vague de retrait des permis miniers, près de 150 au total, le ministre secrétaire général de la présidence de la République et le ministre porte-parole du gouvernement étaient face à la presse ce jeudi 22 mai 2025.
Par cet exercice, Général Amara Camara et Ousmane Gaoual Diallo ont voulu éclairer les opinions sur les motifs de cette vaste opération qui n’est d’ailleurs pas encore terminée.
Selon Général Amara Camara est un véritable scandale géologique avec plus de 40 milliards de tonnes de bauxite, 20 milliards de tonnes de fer, d’importantes réserves d’or, de diamant, de cuivre, de graphite et même d’uranium entre autres mais qui peinent à répondre à la satisfaction de la population.
« La Guinée est une terre de ressources et de promesses, mais jusqu’ici, ces richesses n’ont peu profiter à nos populations. Trop souvent, le secteur minier a été marqué par l’opacité, la spéculation et les abus. Le président de la République et le gouvernement ont donc décidé d’agir pour remettre de l’ordre et faire en sorte que les ressources naturelles servent réellement les Guinéens », a-t-il déclaré.
Le Général Amara a souligné que cette décision entre dans le cadre de la refondation engagée par le Chef de l’État, qui a fait du secteur minier un axe majeur de sa politique. C’est pourquoi il s’est personnellement impliqué
« Le Chef de l’État a lui-même commencé par retirer deux permis qu’il avait précédemment accordés, au nom du non-respect du code minier. Ensuite, 51 permis ont été révoqués. Aujourd’hui, nous en sommes à 150 titres miniers retirés. Ce travail vise à permettre à l’État de mieux maîtriser l’exploitation minière sur l’ensemble du territoire et à s’assurer que les projets bénéficient aux Guinéens. »
Ces permis concernaient aussi bien des autorisations de recherche que d’exploitation dans des filières stratégiques comme la bauxite, le fer, l’or, le diamant, le graphite ou encore l’uranium.
Selon un décret qui a suivi cette vague de retrait, les permis retirés seront désormais placés dans une réserve stratégique de l’État, en attendant d’être réattribués à des opérateurs qualifiés, conformément au Code minier.
Le ministre secrétaire général à la Présidence a conclu en saluant le courage politique du Président dans cette démarche : « C’est une décision courageuse, historique même. Rarement dans l’histoire récente de la Guinée, des mesures aussi fortes ont été prises pour rétablir la souveraineté de l’État sur ses ressources ».
Cette opération n’est pas sans conséquences sur des familles avec des éventuelles pertes d’emplois. Interpellé sur cette question, général Amara Camara a reconnu l’impact humain de la mesure : « Nous sommes conscients que ce retrait entraîne des pertes d’emplois et affecte des familles. Il y a des bouches à nourrir (…). Des mesures sont en train d’être envisagées pour réorienter ces emplois. Nous ne pouvons pas, pour le moment, en dévoiler les contours, mais soyez rassurés : le gouvernement ne restera pas indifférent face à cette situation. »
Malgré l’absence de détails concrets sur les alternatives envisagées, les autorités promettent un plan d’action en faveur des employés touchés, laissant entrevoir une volonté de concilier assainissement du secteur minier et responsabilité sociale.
Face aux nombreuses interrogations, il a tenu à rappeler que ces actions sont conformes aux dispositions du Code minier de la République de Guinée et réponde à une rigueur juridique bien définie.
Selon lui, la nature juridique des permis détermine la forme administrative de leur retrait. « Un permis et une concession sont attribués par décret du président de la République. Un permis d’exploitation ou de recherche est attribué par arrêté. Donc, dans la hiérarchie des normes, c’est un décret qui retire un décret et un arrêté qui retire un arrêté », a-t-il expliqué.
Général Amara Camara a rappelé que toutes les procédures ont été respectées, tant sur la forme que sur le fond. Chaque retrait a fait l’objet d’une mise en demeure, suivie d’un délai réglementaire de 30 à 45 jours selon le type de permis. Ce n’est qu’après l’expiration de ce délai que la Commission des mines a statué, aboutissant aux décisions actuellement en vigueur.
Moussa SIDIBE